Cette semaine, le premier secrétaire du Parti socialiste a accusé Jean-Luc Mélenchon de faire "tout pour rendre impossible une alliance" des partis de gauche.
L’enjeu n’est pas anodin, à trois ans d’une présidentielle dont les grands favoris sont Édouard Philippe et Marine Le Pen. Sans alliance, pas grand monde ne donne cher de la peau des candidats de gauche…
Mais voilà : depuis quelques semaines, Jean-Luc Mélenchon, artisan de l’alliance électorale aux législatives de 2022, semble déterminé à casser le jouet. Et plus le candidat Place Publique/Parti socialiste monte – jusqu’à talonner la candidate d’Emmanuel Macron -, plus les attaques de Mélenchon et des militants Insoumis dans son sillage se font virulentes.
Mélenchon, un obstacle ?Olivier Faure a raison : Mélenchon est désormais un obstacle à l’union qu’il prônait hier encore. Beaucoup de gens à gauche pensent, comme me l’a dit un ami l’autre jour, que "rien n’est possible avec Mélenchon, et rien n’est possible sans". Autrement dit, tant que le socle électoral des Insoumis restera autour de 10 % incompressibles, la gauche social-démocrate sera dans l’incapacité d’accéder aux 20 % nécessaires pour espérer parvenir au second tour de l’élection présidentielle.
Un repoussoirJe suis pour ma part en désaccord profond avec cette idée. D’abord, parce que de polémique en polémique, le parti du bruit et de la fureur est devenu un repoussoir absolu pour un grand nombre de Français, y compris de gauche.
Ensuite, parce que la perspective d’une guerre de succession à Emmanuel Macron ouvre enfin, après 10 ans de "parenthèse", la possibilité de faire éventuellement revenir les électeurs sociaux-démocrates au bercail.
Or, jamais ils ne reviendraient dans le cadre d’une alliance contre nature avec des responsables politiques qui pratiquent l’outrance matin midi et soir, et considèrent que la gauche "pas assez à gauche" (dont je suis) est un ennemi bien plus abominable que l’extrême droite.
Reconstruire à gaucheTant que les leaders de centre-gauche ne se rendront pas compte que leur avenir électoral réside dans la reconstruction d’une offre claire, autonome, sociale, écologique et laïque, l’avenir du pays se jouera exclusivement entre la droite (plus ou moins modérée) et le Rassemblement national.
Chloé Morin