Une situation soulignée dans l’étude effectuée en 2000 par un groupe d’étudiants en « Gestion et valorisation de l’espace et des patrimoines ruraux » au lycée agricole d’Ahun.
« Il est reconnu qu’à Lavaveix les conditions de travail sont plus défavorables que dans certains autres bassins. De surcroît, beaucoup d’ouvriers, arrivés sur le tard dans le milieu minier ne sont pas préparés au métier qui les attend. Ils se fatiguent plus vite et se blessent aussi plus vite. Tout cela contribue à générer des accidents. C’est la période 1884-1913 qui en enregistre le plus : 10 à 20 par an […]. Ces accidents sont dus aux chutes de roche des galeries, à des éboulements plus importants, à des chutes de hauteurs variables ou à l’explosion d’un coup de mine. »Illustration P. Colmar
La même étude rappelle que les mineurs travaillent huit heures en deux postes, de 5 h 30 à 13 h 30 et de 14 heures à 22 heures, à la lueur chiche de leurs seules lampes, dans des galeries parfois hautes de 60 cm les contraignant à des positions inconfortables, où la température dépasse fréquemment les 30 degrés avec un fort taux d’humidité dû aux infiltrations d’eau, l’aérage restituant un air tiède en quantité insuffisante et brassant les poussières.
Aucun puits épargnéUn accident récurrent était la chute de blocs de rochers se détachant du faux-toit : en avril 1884, au puits de Bourlat, un bloc pesant 250 kg écrasait les mineurs Bunlou, Hardy et Grousselat, occasionnant à l’un d’eux une grave blessure à la colonne vertébrale.
Quelques jours plus tard, le mercredi 23 avril, au puits Saint-Antoine, un mineur nommé Guillemot, 66 ans, avait la jambe droite fracturée par l’éboulement du faux-toit ; le même mois, nouvel accident : au puits Robert, Jean Couty, mineur, eut la cuisse gauche brisée par un rocher tombé du faux-toit ; en juillet, un mineur, Jean Roussat, était victime d’un accident similaire, au puits Sainte-Barbe.
Toujours au puits Sainte-Barbe, le 11 novembre, un bloc de rocher, se détachant du faux-toit, atteignait au genou gauche Félix Billet, 23 ans, occupé à faire un sous-cavement ; quelques jours après, au puits Saint-Antoine, Antoine Jaboulet, 52 ans, alors qu’il sondait un faux-toit pour s’assurer de sa solidité, reçut un rocher qui lui fit des contusions au bras et à la jambe droits ; le 27 novembre, au puits Robert, Auguste Vacher qui, à genoux, piquait du charbon, fut atteint à la jambe droite par un bloc tombé de deux mètres de haut ; le 29 novembre, encore au puits Saint-Antoine, un autre mineur, Michel Aufort, 37 ans, sera blessé au pied droit par un bloc de rocher tombé du faux-toit.
La colonne vertébrale briséeOn déplorait aussi des morts : en octobre, au puits Sainte-Barbe, le mineur Jean Chauvot, 36 ans, marié, père de quatre enfants en bas âge, était tué sur le coup, la colonne vertébrale brisée par un bloc de charbon de 100 kg détaché du faux-toit, alors qu’il triait du charbon.
D’autres accidents étaient occasionnés par les wagonnets suite à des ruptures de chaîne : en furent victimes un mineur, Jacques Bompied, poignet gauche fracturé (avril 1884) ; le chef de poste Basile Janot, touché à la cuisse gauche (octobre 1884) ; un mineur âgé de 18 ans, blessé à la jambe gauche (décembre 1884).
Les journaux locaux ne relatant que les accidents les plus graves, on peut imaginer que le docteur Treille, médecin des Houillères d’Ahun, ne manquait pas d’ouvrage, compte tenu des conditions de travail particulièrement pénibles et dangereuses imposées aux mineurs.
