Après le témoignage de Judith Godrèche, l’actrice et réalisatrice Isild Le Besco décrypte à son tour les prédations exercées sur elle par le cinéaste Benoît Jacquot dans un récit autobiographique, Dire vrai, paru aux éditions Denoël.
“Dire que Benoît m’a violée, c’est évident.” C’est en ces termes que l’actrice Isild Le Besco dépeint la relation destructrice qu’a entretenue avec elle le réalisateur Benoît Jacquot. Elle qui n’avait que 16 ans lorsqu’elle a entamé sa relation avec le cinéaste sur le tournage de Sade, décrit les cinq années d’emprise, de violences physiques et psychologiques qu’elle a vécues à ses côtés ; une gifle à Venise, un coup de poing dans le ventre à Dakar, ou encore des insultes parce qu’il la trouve trop grosse…
Alors qu’en février dernier, elle affirmait dans les pages du Parisien qu’il serait “probable qu’à un moment” elle porte plainte contre lui ainsi que contre Jacques Doillon, l’actrice de 41 ans explique à la fin de son récit ne pas encore être prête à porter plainte en déclinant les appels d’enquêteurs de la brigade des mineurs qui souhaitent l’entendre.
“Je n’ai pas envie de me confronter encore à ces institutions poussiéreuses, pensées et régies par des hommes. (…) C’est déjà tellement éprouvant d’écrire. De nommer. De faire face à ses maux”, argue l’actrice avant de s’interroger sur la définition même du viol. “On imagine un acte physique, une fille qui se fait prendre de force alors qu’elle ne veut pas. Avant de me violer physiquement, Benoît a violé mon esprit. Il y est entré dès le début du tournage de ‘Sade’, puis un peu plus, jour après jour, jusqu’à me gagner complètement. J’étais une adolescente et je lui ai donné mon entière confiance. Il s’est substitué à mon père, à ma mère, à toute figure d’autorité. En cela son viol est aussi incestueux.”
Dire vrai d’Isild Le Besco, paru le 1er mai 2024 aux éditions Denoël. 176 pages, 18 euros.