Au centre-ville de Moulins, un lieu ouvert "à tous les jeunes"

L’espace jeunes, qui a ouvert en centre-ville de Moulins depuis près de six mois, accueille de nombreux ados et jeunes adultes en quête de solutions diverses : abri pour manger le midi, jeux, logement, job, ateliers, engagement, Bafa, permis…

Il a été pensé comme un « guichet unique » de la jeunesse locale, de 11 à 29 ans et « d’où qu’elle vienne ».

L’espace jeunes au 17 rue de la Flèche se voit comme le nouveau QG des ados et jeunes adultes, et ce, pour des problématiques très différentes, des collégiens aux étudiants, scolarisé ou déscolarisé, déjà salarié et même demandeur d’emploi.

L’idée est venue d’une carence : « Je me souviens, quand j’étais lycéen, il y a une dizaine d’années, il n’y avait pas d’emplacement, en centre-ville, dédié aux jeunes, alors que tous les établissements sont là », relève Marwane Fikry, conseiller municipal moulinois, délégué à l’autonomie et à l’insertion et de la jeunesse.

« Il n’y a notamment pas de self à Anna-Rodier. L’idée vient de là. On remarque que, au final, ça attire d’autres jeunes le midi, qui sont demi-pensionnaires ou qui mangent dehors. Pour des parents, c’est plus rassurant de les savoir ici ».

L’espace est ainsi bien fréquenté « par une vingtaine de jeunes » lors de la pause méridienne. Le lieu dispose de tout ce qu’il faut : banquettes, poufs, tables, chaises, à l’intérieur et même en terrasse, de quoi réchauffer sa gamelle et faire chauffer de l’eau, un évier pour faire la vaisselle, des poubelles de tri (et un compost), des sanitaires (avec distributeur de protections menstruelles chez les filles), etc. Sans oublier un bel espace de coworking.Et puis il y a aussi des jeux, notamment un baby-foot sur lequel se disputent d’énergiques parties.

Ce n’est bien sûr pas la seule destination de cette adresse qui hybride différentes structures : entre service information jeunesse, ex-point information jeunesse (1) et quartier général du conseil municipal des jeunes (voir ci-dessous).

À la base, avant même que ce lieu existe (et encore davantage depuis), l’idée était de « mixer » les jeunes des différents quartiers, nord, sud, centre, pas de différence. C’est comme ça qu’est né « engaj’ », le groupe d’animations jeunesse pour les 14-17 ans, qui propose des ateliers, des sorties, du sport, de la danse… Hadi (15 ans et demi), Ahmad (17 ans) et Fadi (14 ans et demi) sont des habitués de l’espace jeunes des Echarteaux dans les quartiers sud (qui fête ses 40 ans cette année, samedi 8 juin dans le cadre des festivités de “mon année olympique”).

Ils viennent ainsi de temps en temps en centre-ville pour « jouer », après avoir commencé à participer à un atelier : « On fait un tableau pour les jeux olympiques » (en cours de création). A ceux qui penseraient que la mobilité entre quartiers est « compliquée », ils répondent en ouvrant des yeux ronds : « Ben, il y a le bus, le vélo, la trottinette… ou même venir à pied, même si c’est un peu loin, ça se fait ».Pour l’instant, les 14-17 ans sont une centaine à être inscrits : une trentaine de garçons et plus de soixante-dix filles. Un chiffre qui ne peut qu’augmenter.

Et c’est sans compter tous les autres passages : les étudiants qui sont bénéficiaires de l’aide alimentaire. Ou qui cherchent un logement par exemple. Un forum sera d’ailleurs organisé samedi 13 juillet, de 10 à 17 heures, après les validations de Parcoursup.Le lieu permet aussi de s’informer sur son orientation, sur les jobs accessibles (un forum vient d’être organisé avec 82 jeunes intéressés), sur la marche à suivre pour obtenir son Bafa ou encore sur les modalités du permis à la mode Ville de Moulins : « 50 % pris en charge en échange de 60 heures de bénévolat », souligne le maire Pierre-André Périssol.

Les agents – ils sont sept à se partager les permanences entre les structures jeunes moulinoises – sont chargés d’accompagner chaque jeune en fonction de son âge et de ses questions : qui dans quel dispositif ? Oui, il y a des cases, mais c’est finalement un détail « d’adulte » et de financeur (2).

Pour Mamy Rabel, chargé de développement au centre régional d’information jeunesse Auvergne Rhône-Alpes, qui suit 115 structures, un tel lieu a une mission « éducative » : « C’est un très bel outil, c’est une première étape. Désormais, les équipes travaillent sur la labellisation info-jeunes, qui répond à plusieurs critères. Le premier, accueillir tous les jeunes sans distinction, qu’ils soient Moulinois ou non. Il faut qu’ils sachent : “viens comme tu es”. Nous invitons d’ailleurs à ouvrir la structure au niveau communautaire pour mutualiser largement l’outil. Le deuxième critère, c’est l’information, non pas la quantité disponible, mais la capacité à apprendre aux jeunes à chercher la bonne information. Le dossier passera en commission régionale pour six ans. Et puis après, nous travaillerons sur le projet de territoire 2040 ».

(1) Le PIJ était géré par l’association Viltaïs et soutenu par la mairie de Moulins ; c’est aujourd’hui un service entièrement géré par la municipalité.(2) Ouvrir un tel lieu a coûté 500.000 € à Moulins, cofinancé par le Département (100.000 €) et la caisse d’allocations familiales et l’État (180.000 €).

Le premier mandat (2022-2024) des premiers conseillers municipaux des jeunes moulinois est achevé. Une nouvelle assemblée, composée de trente-trois filles et garçons âgés de 14 à 20 ans a été constituée fin mars, suite à appels à candidatures, jusqu’à mars 2026, relève Hülya Pagnon, conseillère municipale déléguée. « L’espace jeunes rue de la Flèche est aussi leur siège. Ils peuvent y tenir leurs réunions. Nous gardons la salle du conseil à l’Hôtel de ville pour les sessions plénières, car c’est solennel et symbolique ».

Samedi 4 et dimanche 5 mai, ce sera leur « week-end de cohésion ». Leur installation sera effectuée vendredi 7 juin. Cette première séance publique sera consacrée notamment à l’élection du président et à la remise officielle des écharpes.

Lors du dernier mandat, les jeunes avaient mis beaucoup d’énergie contre le harcèlement scolaire. « Nous avions aussi un projet autour du Téléthon qui avait émergé lors du mandat précédent ». Non achevé, il pourrait revenir sur la table des nouveaux jeunes conseillers.

Mathilde Duchatelle