La joueuse de tennis française Alizé Cornet a choisi CANAL+ et Lyes Houhou pour annoncer la fin de sa carrière et ses projets lors d’une interview exclusive, à 1 mois du tournoi de Roland Garros.
Un entretien exclusif diffusé ce samedi 27 avril à 19h dans le CANAL SPORTS CLUB en direct et en clair sur CANAL+. Les principales déclarations ci dessous :
Alizé, ce n’est pas une interview comme les autres aujourd’hui…
ALIZÉ CORNET : Non, non, c’est vrai, J’ai une annonce très spéciale à vous faire. Je vais jouer mon dernier Roland-Garros dans un mois tout pile et je prendrai ma retraite dans la foulée. Ca me fait bizarre de dire ces mots à voix haute, ça fait longtemps que j’y pense, mais de l’annoncer officiellement, ça fait un petit quelque chose…
Pourquoi c’est le bon moment d’arrêter pour vous, à 34 ans ?
ALIZÉ CORNET : C’est le bon moment parce que c’est le résultat d’un long cheminement qui a duré plus de deux ans. Et là, ces derniers mois, ma pensée s’est précisée et je sens que c’est l’heure, tout simplement. Mon classement a un peu baissé. Ça m’a aussi permis de prendre un petit peu plus de recul par rapport à ma carrière, donc forcément, je n’ai pas envie d’être poussée vers la sortie. J’ai aussi envie de décider de ma sortie et voilà là, je sens que j’ai un peu moins à donner en termes d’envie et pour moi c’est le bon moment de dire au revoir au tennis.
Alizé si on fait le bilan, vous avez passé 20 ans sur le circuit professionnel quasiment un long chemin qui a débuté en 2005. Votre premier Roland-Garros et la France vous découvre face à Amélie Mauresmo…
ALIZÉ CORNET : Ça m’émeut de repenser à ça parce que je me dis quel chemin parcouru depuis ! En fait, j’étais une petite gamine de quinze ans. Je débarquais à mon premier Roland-Garros avec des étoiles plein les yeux et j’en viens à jouer une de mes idoles sur un des plus gros courts de Roland-Garros, à prendre une bonne fessée bien méritée, mais quand même … quinze ans. J’avais une rage de vaincre qui était vraiment hyper forte. J’avais un feu intérieur qui contaminait tous les gens autour de moi.
Il y a une autre image que l’on retient de vous. Une victoire peut être plus prestigieuse que toutes les autres. On est en 2014, au troisième tour de Wimbledon, face à la numéro un mondiale Serena Williams. Et vous réalisez l’exploit !
ALIZÉ CORNET : Oui, c’est un moment fou. C’est un moment fort. En général, quand on me demande quel est le match qui m’a le plus marqué, j’ai tendance à citer celui-là. Quand on gagne cette balle de match, ce sont des émotions qui sont inégalables. Ces joies de victoires, c’est vraiment de l’euphorie. C’est si puissant, c’est si fort, C’est addictif en fait. Et puis surtout, ça se passe une semaine après le décès de ma grand-mère et la veille de ce match je fais l’aller retour à Nice pour aller enterrer ma grand-mère. Donc là, à ce moment-là, en fait, j’ai d’autres choses en tête que de battre Serena. Et comme par hasard, quand on s’y attend le moins, je bats Serena et j’ai l’impression qu’elle est avec moi à ce moment-là en fait.
Ce qui caractérise aussi votre carrière, Alizé, c’est votre longévité. Avec ce record, 68 tournois du Grand Chelem disputés de manière consécutive, 69 au mois de mai prochain, si tout va bien. Qu’est ce qu’il dit ce record sur vous?
ALIZÉ CORNET : Je pense qu’il me définit parfaitement. Ce record, c’est la rigueur, la discipline. Être resté à ce niveau là. En fait, on ne s’en rend pas bien compte, mais je suis resté dans le top 100, voire dans le top 50 pendant quasiment toutes ces années. Quand j’y pense, je me dedmande comment j’ai fait quand je vois le niveau de jeu des filles? Mais j’ai tenu bon…
Vous êtes allé au maximum de vos capacités selon vous?
ALIZÉ CORNET : Ouais, ouais, je suis allé au bout du bout. J’aurais pu faire des choses mieux… Avec une meilleure gestion des émotions, à mon avis, il y a quelques matches que j’aurais pu remporter… C’est un sport qui rend fou, qui nous habille, qui nous obsède. (…) J’ai eu d’immenses joies, mais en contrepartie des grosses déceptions, des moments de déprime et je pense que ça a été des montagnes russes finalement pendant 20 ans…
Comment vous envisagez la suite, l’après-carrière ?
ALIZÉ CORNET : Je vais continuer l’écriture et mon métier de romancière, évidemment. Quand je vois qu’il y a des gens qui sont émus par mes histoires, ça m’apporte beaucoup de bonheur.
Puisque votre reconversion est toute trouvée, je vous laisse dire adieu au tennis avec vos mots et votre plus belle plume…
(LETTRE ÉCRITE PAR ALIZÉ & LUE FACE CAMÉRA) : Nous y sommes à cette petite mort tant redoutée, à ce vide que le tennis va laisser derrière lui. Pourtant, ce vide, je vais tenter de le sublimer, d’en faire quelque chose de beau, quelque chose de semblable au bonheur pour vivre sans tennis, sans cette course au succès et cette obsession de la performance. Alors c’est une petite mort ? Peut-être, mais c’est surtout une toute nouvelle vie. Et j’y suis prête !
