« L’an dernier, je privilégiais l’huile d’olive bio que j’achetais une dizaine d’euros le litre. Mais désormais ce n’est plus possible car la moindre bouteille d’une marque nationale, non bio, coûte 11 ou 12 euros?! ». Comme Marie, de nombreux consommateurs se sont rendu compte depuis quelques mois de l’explosion du prix de l’huile d’olive. Pourquoi?? Éléments de réponse avec Alexandra Paris, directrice communication et économie de France Olives, l’interprofession des huiles et olives de France.
Une production française très faible face à l’ogre espagnol.En France, chaque année, on produit 4.500 tonnes d’huile d’olive, de manière exclusivement artisanale (30 % est en AOP), soit 0,2 % de la production mondiale... quand on en consomme dans le même temps 125.000 tonnes. C’est donc au-delà de nos frontières que les industriels et distributeurs se fournissent pour alimenter le marché français. « 98 % des huiles présentes en supermarché sont des huiles importées », confirme Alexandra Paris.
Au rang des plus gros producteurs, l’Espagne, leader mondial avec 1,2 million de tonnes d’huile d’olive, dont elle consomme un peu moins de la moitié, le reste étant dédié à l’exportation partout dans le monde. « C’est elle qui mène le jeu au niveau mondial », confirme Alexandra Paris. Suivent l’Italie avec 300 à 350.000 tonnes, qu’elle consomme quasi exclusivement, en important également, la Grèce (300.000 tonnes), puis la Tunisie, ces deux dernières exportant plus ou moins 100.000 tonnes chacune.
Une sécheresse interminable en EspagneC’est du côté de l’Espagne que l’on trouve la cause de cette explosion des prix de l’huile d’olive. « Depuis deux ans, le pays a de gros problèmes de sécheresse, d’autant plus impactante pour la production d’oliviers qu’il s’agit d’une production intensive et irriguée, avec des arbres habitués à recevoir de l’eau pour la plupart d’entre eux et qui souffrent donc plus quand il y en a moins », explique la spécialiste. Résultat ? La production ibérique a diminué de moitié, subvenant désormais tout juste à la consommation nationale. Si les stocks ont permis de pallier un temps cette difficulté, ce n’est plus le cas.
« On a un gros déséquilibre entre l’offre et la demande donc, mathématiquement, les prix augmentent. C’est un phénomène pûrement conjoncturel »
Comme pour de nombreux produits agricoles, l’impact du changement climatique se fait ici clairement sentir, avec des phénomènes de sécheresse qui devraient malheureusement être amenés à se renouveler dans les années à venir.
Une offre trop faible donc des prix qui vont rester élevésCependant, pour la directrice économie de France Olives, les tarifs vont rester à ce niveau. Cela ne fait aucun doute « au moins pour cette année 2024 », en premier lieu parce que la production d’olives espagnoles de cette année est « à peine plus importante que celle de l’an dernier ».
L’Espagne représentant 40 à 45 % de la production mondiale, ce déficit ne peut être compensé par d’autres pays. Une hausse qui commence déjà à impacter les ventes dans la grande distribution. Ces dernières sont passées entre 2022 et 2023, de 76 à 68 millions de litres, quand, dans le même temps le coût d’un litre a, en moyenne, augmenté d’1,50 € pour se hisser à 8,85 euros le litre (marques nationales, distributeurs et hard-discount). Face à des prix toujours plus élevés, Alexandra Paris glisse un conseil. Outre le choix d’une huile d’olive vierge ou vierge-extra, qui sont de purs jus de fruit, partir sur une huile un peu plus cher, pourquoi pas une AOP française, « car elles ont du goût, et peut-être en mettre moins, juste en fin de cuisson ou pour compléter une sauce salade faite avec une huile végétale ». Maxime Escot
