Keolis à Moulins, c’est vingt-sept bus et six véhicules légers pour le transport à la demande (TAD). Petite révolution énergétique, l’ensemble de cette flotte, qui "effectue environ 1 million de kilomètres par an pour 1,2 million de passagers" du réseau Aléo dans l’agglo, a changé de carburant. Terminé le gazole B7. Bienvenue au HVO.Pour réduire les pollutions, Moulins communauté a validé l’utilisation de ce biocarburant "100 % renouvelable, biodégradable" et qui comporte l’avantage d’être immédiatement utilisable sans avoir à modifier la technologie des moteurs, ni la cuve à carburant. Le point avec deux dirigeants de Keolis, Daminen Jeannerot, directeur du site de Moulins et Nathalie Juston, directrice régionale.
Tous les bus de l'Agglo de Moulins rouleront bientôt au biocarburant
Quels bénéfices en matière de biodégradabilité et d’écotoxicité ?Les bus de Moulins Co passent au biocarburant. Photos Séverine TREMODEUX Le biocarburant HVO est "100 % renouvelable et biodégradable". Nathalie Juston détaille ses performances en matière environnementale : "On peut miser sur 10 % d’oxyde d’azote (NOx) en moins. C’est aussi une réduction de 25 % des émissions de monoxyde de carbone, une diminution de 88 % en moyenne des émissions de gaz à effet de serre (CO2) ou, entre autres, une baisse de 30 % des particules fines".Le groupe Keolis exploite déjà en France environ 800 véhicules roulant au HVO : "Cela nous permet un certain recul sur les avantages et les inconvénients. Le retour d’expérience est positif aussi bien en maintenance qu’en exploitation".Last but not least, les moteurs font moins de bruit : "On a une baisse de 1 à 4 décibels des nuisances sonores".
Le HVO coûte-t-il plus cher que le gazole B7 ?C’est oui, confirme le directeur de Keolis Moulins : "Une augmentation de l’ordre 10 % et on nous annonce aussi une surconsommation de 5 à 7 % de carburant". Plus cher et plus vorace, donc… Mais bien meilleur pour l’environnement. C’est le but de la manœuvre.
Les tarifs pratiqués sur le réseau Aléo vont-ils augmenter ?Bus Aléo : la ligne qui dessert les Petits Vernats à Avermes. Keolis tient à rassurer les usagers. Si le HVO est plus onéreux que le gazole B7 et qu’il est plus vorace en carburant, l’opérateur ne prévoit pas de hausse tarifaire sur le réseau Aléo. Pour compenser cette hausse du coût du carburant, il parie sur une autre hausse : "On table sur l’augmentation de la fréquentation, explique Damien Jeannerot. Elle a déjà bondi de +14 % depuis 2019, +7 % depuis l’année dernière. On a largement rattrapé la baisse liée au Covid".Aujourd’hui, Damien Jeannerot explique que Keolis mise sur le "50 % employeur". C’est-à-dire sur l’obligation pour l’employeur de prendre en charge une partie des titres d’abonnements souscrits dans les transports publics par leurs salariés pour leurs déplacements entre leur domicile et leur lieu de travail : "Notre objectif est de faire monter dans des bus des gens qui utilisent une voiture et qui, eux, consomment dix fois plus que nous".
Comment Keolis Moulins est-il approvisionné en HVO ?Le dépôt de Moulins dispose de ses propres stocks, avec du carburant qui arrive directement par cuves de 30.000 litres, principalement en provenance de Fos-sur-Mer. Selon Keolis, pas ou peu de danger de se le faire dérober par des individus mal attentionnés : "On sait que, malheureusement, il y a de plus en plus de risques de vol. Mais on ne se fait pas voler le HVO car il ne va pas dans les véhicules des particuliers".
Pourquoi pas le choix des bus électriques ou à hydrogène ?Pour des raisons de coûts, justifie Nathalie Juston : "C’est sûr, des grosses métropoles basculent parfois sur ces solutions. Mais ce n’est pas du tout le même budget. Les véhicules coûtent beaucoup plus cher et il faut notamment revoir les infrastructures dans les dépôts. Avec le HVO, on change seulement le carburant dans la cuve et on ne modifie que très peu la structure des bus. C’est une transition écologique rapide, facile et au moindre coût".
La rédaction de Moulins
Le contexte. Le 1er décembre 2019, Moulins communauté a confié l’exploitation du réseau de transports urbains à la société Keolis, dans le cadre d’une convention de service public. L’Agglo veut réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de son plan climat énergie territorial. Depuis le 29 avril, tous les bus et véhicules légers du TAD roulent au biocarburant HVO.Le HVO, c’est quoi ? Le HVO fait partie des biocarburants de synthèse obtenus par hydrogénation des corps gras contenus, entre autres, dans les huiles végétales alimentaires ou les déchets de graisses tels que les graisses animales ou les huiles de cuisson usagées.Le HVO est garanti sans huile de palme.La production du HVO. L’ensemble de la production de HVO est tracée et certifiée durable en accord avec la Directive européenne sur l’énergie. À chaque commande, le client reçoit une attestation de durabilité certifiant l’origine et le pourcentage de CO2 non émis dans l’atmosphère. Ce biocarburant est présenté comme une alternative au gazole conventionnel, sans adaptation technique spécifique, ni modification de l’organisation de la maintenance du parc de véhicules, "avec des performances environnementales améliorées".
