Des images valent parfois bien plus que des mots. Il y a d’abord celle de Lucas Da Silva, la tête entre les mains, sonné et rongé d’avoir manqué le dernier lancer en touche qui aurait éventuellement pu permettre d’aller chercher un maigre bonus défensif.
Il y a aussi l’image, quelques mètres plus loin, de Tevita Ratuva, le regard dans le vide, les mains sur la tête. Sur le terrain de Chanzy, pendant que les locaux sont en train de fêter leur succès, il y a aussi Sammy Arnold. Seul. À regarder les Angoumoisins.
À voir les attitudes des Brivistes ce vendredi soir, le CAB a perdu un peu plus qu’un simple match. Toute la semaine, les Corréziens s’étaient promis des choses. Promis, juré, la victoire contre Colomiers avec quelques instants de résistance à 12 contre 15 avait créé quelque chose dans le vestiaire. Promis, juré, Brive allait enfin faire preuve de consistance et de régularité.
Et au regard de la première période, force est de constater que les actes avaient joint les paroles. Grâce à une défense sans faille, les coéquipiers de Stuart Olding basculaient en tête après un essai roublard de son capitaine du soir et un autre en force signé Asaeli Tuivuaka. Propre et appliqué, le CAB avait fait preuve d’un glaçant réalisme pour virer en tête 12-3, avec le vent contre.
16 points encaissés en 15 minutes après la pauseEt puis… Et puis comme trop souvent cette saison, les Corréziens se sont écroulés. Et dans les grandes largeurs, en ne sortant finalement pas des vestiaires.
En l’espace d’un petit quart d’heure, Angoulême inscrivait deux essais et passait deux pénalités pour prendre les commandes à la 60e minute grâce à 16 points en 15 minutes. 16 points en 15 minutes. Mieux vaut l’écrire deux fois pour bien se rendre compte du naufrage corrézien.
Car vendredi, c’est bien de cela qu’il s’est agi pour les joueurs de Pierre-Henry Broncan qui n’ont jamais semblé en mesure de réagir alors qu’ils étaient acculés. On n’a jamais vu arriver le moindre petit sentiment de révolte.
Quand cela arrive une fois dans la saison, ça peut être pardonné mais à force, cela ressemble étrangement à une faute professionnelle. Et une faute qui dure. Avec cette défaite, Brive s’est tiré une nouvelle balle dans le pied dans la course au top 6 alors qu’on pensait le chargeur déjà vide.
Benjamin Pommier