Le Festival international du film fantastique de Bruxelles (Bifff) projetait ce week-end Love Lies Bleeding – une bonne idée puisque le film avec Kristen Stewart n'a toujours pas de distributeur en France. Mais la projection a été interrompue par les réactions lesbophobes d'une partie du public.
L'air était chargé en électricité saphique samedi 13 avril, alors que le Festival international du film fantastique de Bruxelles (Bifff) diffusait le tant attendu Love Lies Bleeding. Le nouveau film de Rose Glass, porté par le couple fictionnel Kristen Stewart et Katy O'Brian, est sorti le 8 mars aux États-Unis, mais – scandale – n'a toujours pas de distributeur en France. L'excitation fut pourtant de courte durée pour le public queer venu assister à ce moment d'anthologouine : une partie du public a multiplié les blagues obscènes, les insultes lesbophobes et les cris de dégoût pendant la projection. Le film a dû être interrompu et la police est intervenue après que des coups ont été échangés.
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Dès les premières minutes du film, ont raconté les témoins de la scène, a démarré le concours du mascu qui sortira la plus grosse connerie, le commentaire homophobe qui va bien, la pique sexiste cinglante, le tout arrosé d'une bonne dose de remarques scabreuses et de bruits de porc. "À tous les plans des voix (d'hommes) hurlaient des commentaires glaçants, sales, au mieux pas drôles", explique sur X (Twitter) un groupe d'amies venues spécialement pour l'occasion. Les cris de dégoût ou remarques graveleuses s'intensifient lors d'une scène lesbienne – "Elle aime ça la bite", "je la baise".
Un public queer frustré et en colère
Une partie du public quitte alors la salle. "Nous sommes sorti·es, à bout, épuisé, dégoûté et dépossédé d'un cinéma queer déjà si rare", déclare sur Instagram un autre spectateur. "On a essayé d'arrêter le film, assure le groupe d'amies sur X. On a manifesté notre rage, on a pas pu dialoguer avec une organisation qui ne nous entendait pas, (…) qui nous disait qu'on défendait mal notre cause."
LOVE LIES BLEEDING au @bifff_festival : la honte, notre colère (1/2) pic.twitter.com/B0iSCutW6z
— daddy_official 🇵🇸 (@EMmistymisssile) April 14, 2024
Dans la salle, les tensions continuent de monter entre les spectateurs haineux et le public queer resté sur place. Ce dernier tente de faire taire les commentaires et reçoit en réplique des "sale pute", "grosse connasse". S'ensuit une escalade de violences aussi bien verbales que physiques : "Des coups sont partis, on a séparé ou crié ou tapé aussi, détaille le spectateur sur Instagram. Et puis on s'est levé·es et on s'est cassé·es." La police a été envoyée sur place mais aucune plainte n'a été déposée.
Les réactions spontanées et interactions entre les spectateurs font partie de l'esprit du festival, qui encourage l'expression et le partage. Mais l'organisation a refusé de réagir lors des heurts : elle "défendait encore et toujours 'l'ADN du Bifff’ (et tant pis si il y a dans cette ADN des gènes qui posent problème)", témoigne le groupe d'amies. Dans un communiqué de presse publié sur Instagram, le Bifff a présenté ses excuses au public : "Les événements qui se sont déroulés lors de la séance de Love Lies Bleeding sont inadmissibles et ne reflètent en aucun cas l'esprit libertaire du festival : les propos discriminants envers toute communauté n'ont et n'auront jamais de place au sein du festival, tout comme toute autre manifestation de violence morale et/ou physique pour exprimer son désaccord. Comme nous n'avons eu de cesse de le répéter, poursuivent-ils, 'humour toujours, mais respect avant tout'."
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Crédit photo : A24