Sur chaque meuble, chaque chaise des deux niveaux du magasin Meubles MG, de petites affiches ont pris place. Certaines arborent des prix cassés, d’autres un simple mot : « Vendu ». Depuis le 12 mars, et jusqu’au 31 mai, l’enseigne est en liquidation. Dans les prochaines semaines, tout doit disparaître car, 20 ans après avoir lancé son commerce, Guy Gilbert décide de prendre sa retraite.
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Pour lui, c’est la fin d’une belle aventure. « J’ai adoré toutes ces années avec mes clients », sourit-il. Même si le commerce n’était pas sa première vocation. « Je suis maître ébéniste de métier. J’ai le brevet de maîtrise. » Une activité qu’a aussi exercée son père. « Il fabriquait déjà avant moi, à La Chaise-Dieu. »
Le son des machines à bois et l’odeur de la matière ont bercé son enfance. « Cela m’a donné l’envie de faire ce métier. » Et pendant un peu plus de 20 ans, il a conçu et fabriqué des meubles. D’abord aux côtés de son père, avec qui il a monté son entreprise, puis seul.
J’ai pas mal agrandi, monté plusieurs bâtiments. On a fini avec 2.500 m2 et 25 salariés.
Et puis, les années 2000 sont arrivées. « L’ouverture des frontières nous a fait du mal car de nombreux clients se sont tournés vers les pays de l’Est, et les 35 heures aussi nous ont pénalisés. Dans ce métier, la main-d’œuvre fait le prix et on est devenu moins compétitif. » À l’approche des 45 ans, « trop jeune pour ne plus rien faire, trop vieux pour se recycler vraiment », Guy Gilbert prend une décision importante. « J’ai toujours eu l’envie de faire du commerce. Alors, j’ai ouvert mon magasin en 2004. »
Dans un premier temps, « j’avais les deux activités avant de vendre mon entreprise. Au départ, j’avais un gérant au magasin, mais c’était trop compliqué. Quand on veut faire les choses bien, il faut s’y consacrer pleinement. »
Alors, après avoir vendu son entreprise en 2008, il arrive à plein temps à la tête de son magasin, au début de l’année 2009. Sa carrière professionnelle bascule de La Chaise-Dieu à Brioude, ville dans laquelle il habite et a fait construire sa maison en 1989. Un choix naturel pour une commune « qui m’a toujours plu ». Si son travail change de manière radicale, il n’est pas déraciné pour autant. Les meubles qu’il connaît, le bois qu’il a travaillé pendant tant d’années, restent son quotidien. Il sait de quoi il parle. Installé dans un ancien magasin de vente de produits déclassés, il propose des meubles de qualité. « Du moyen et haut de gamme », comme il le définit.
Des clients fidèlesDes anciennes relations qu’il a nouées du temps de la fabrication, aux rencontres du Salon annuel du meuble, il choisit méticuleusement ses fournisseurs. « On a créé des relations de confiance pendant toutes ces années. » Comme avec ses clients. « J’ai un fichier d’environ 2.500 personnes. Beaucoup sont fidèles. Ils reviennent régulièrement. » Une fierté pour Guy Gilbert.
S’il ne dégage pas forcément de moment particuliers de toutes ces années, deux l’ont marqué. L’année 2008, après la crise des subprimes. « C’était vraiment très compliqué… », se remémore-t-il. Avant de rapidement basculer sur un autre, plus positif.
Au moment du Covid, et juste après, c’était incroyable. On a tellement vendu. On ne vivra plus jamais des années comme ça. Surtout moi car maintenant, c’est terminé.
Dans les semaines à venir, il va s’attacher à liquider son stock. « Tout ne sera pas terminé au 31 mai. Il faudra faire les livraisons, l’administratif. » Mais d’ici la fin de l’été, Guy Gilbert fermera la porte de son magasin. Tournant le dos à une vie professionnelle bien remplie. « Je vais pouvoir profiter. Et pourquoi pas me remettre à travailler un peu le bois. » Même s’il n’a plus de machines, il envisage d’en racheter. La passion est toujours là.
Quant à savoir qui va prendre la suite, il n’en a aucune idée pour le moment. « J’ai rencontré plusieurs personnes intéressées pour faire du meuble ou complètement autre chose. Mais pour le moment, rien n’est décidé. »
Alors, en attendant, il continue de vendre ses derniers meubles avant de réaliser sa plus grosse transaction, la dernière : celle de son magasin.
Nicolas Jacquet