Un homme de 27 ans a écopé d’une lourde peine ce mercredi 3 avril, à Brive (Corrèze), pour des faits de violences avec arme. Après une cavale de plusieurs mois, l’individu, recherché pour avoir tiré sur une femme, avait été interpelé en mars.
« Je n’ai aucun problème avec elle ». Devant le tribunal de Brive (Corrèze), Baris Ulutas, 27 ans, a répété à l'envi cette phrase, ce mercredi 3 avril 2024, comme pour mieux convaincre le tribunal qui devait le juger de violences. Une phrase prononcée et re-prononcée à l’égard de la victime, sans jamais la nommer, qui sonnait cependant comme une façon de nier l’évidence, tant les témoignages à charge étaient lourds.
La victime touchée à la jambeLe 7 mai 2023, aux aurores, il s’était présenté ivre au domicile de la victime, dans le quartier des Chapélies. Un premier coup de feu avait d’abord été entendu vers 5 heures du matin. Un coup en l’air probablement. Puis, entre 6 heures et 7 heures, la scène d’angoisse débute pour la victime.
« Il tambourine à la porte et demande qu’on lui ouvre. Il tire un premier coup de feu dans la porte. Puis un deuxième. La victime va dans la chambre, puis dans la cuisine. Au troisième coup de feu, l’habitante reçoit deux plombs dans la jambe droite. Elle veut fermer le store de la porte vitrée, mais son agresseur le bloque avec son pied. Alors que celui-ci repart vers la voiture, elle tente de le raisonner. Après une nouvelle insulte, il tire un dernier coup de fusil », résume Frédérique Suquet pour le Parquet.
Victime de pressions familialesÀ l’arrivée de la police, c’est le chaos. Un homme près d’une voiture semble alcoolisé et très énervé. « C’est un léger différend entre couple », explique alors la victime aux policiers, tout en prenant son agresseur par le bras. Celui-ci répond par une énième insulte. Mais la confusion qui règne empêche les policiers d’identifier les différents protagonistes. Une enquête est ouverte pour tentative de meurtre. Elle sera finalement requalifiée.
« Elle a eu peur de dénoncer les faits. Elle vit aux Chapélies. La famille du prévenu est bien établie. Il y a eu des pressions. Elle n’a pas pu rentrer chez elle pendant des mois et a même vécu à la rue après les faits », déplore Me Virginie Blanchard pour la victime.
Des zones d'ombre pour la défense« Dès le début, la victime a menti. Et à partir de là, on peut douter de tout dans ce dossier. Il y a sûrement une autre histoire dans ce dossier, avec beaucoup de gens qui n’ont pas été identifiés », a tenté de plaider Me Vincent Desport, qui a demandé une relaxe de son client. Mais ces zones d’ombre n’ont que peu pesé dans la décision du tribunal, à côté des témoignages concordants de la victime et des voisins, corroborés par la vidéosurveillance. Tous désignaient Baris Ulutas comme le porteur de l’arme ce matin-là.
Dès le lendemain de l’agression, le mis en cause prendra un billet d’avion pour la Turquie, en passant par l’Allemagne et ne reviendra que quelques mois plus tard. « J’y suis allé pour le décès de ma grand-mère », tente d’expliquer le prévenu au tribunal. « En passant par l’Allemagne, cela ressemble fort à une cavale », note la présidente.
En état de récidive pour avoir déjà été condamné à huit reprises, dont trois pour des faits de violence, Baris Ulutas a été condamné à sept ans de prison, et une interdiction de territoire français pendant une durée de cinq ans.
Pierre Vignaud
