Ils se sont croisés quelquefois à la salle de sport. Ont probablement échangé quelques mots. Sans plus. Et pourtant, depuis son lit d’hôpital, Guillaume Chateignier ne pense plus qu’à lui, cet agent d’accueil qui lui a sauvé la vie, boulevard Maurice-Pourchon. C’était le 27 mars dernier. Guillaume vient de terminer sa journée de télétravail. Il prend la direction de sa salle de sport, Basic-Fit. Il fait un peu de muscu, un peu de marche sur tapis. Et tout bascule…
Il est 19 heures. Des adhérents le voient tomber. Ils alertent immédiatement l’agent d’accueil, Nicolas Prunet. "J’étais à l’accueil. J’avais entendu un bruit, mais je pensais que c’était quelqu’un qui avait fait tomber son téléphone. Ça arrive souvent", se souvient-il.
Il fallait "que j’agisse"Sur place, il voit Guillaume Chateignier allongé sur le ventre. "Il convulsait. Je me suis tout de suite dit “Il faut que j’agisse”", poursuit Nicolas. Il commence par allonger la victime en position latérale de sécurité (PLS) et constate qu’elle a du mal à respirer. "Les pompiers posaient des questions. J’ai passé mon téléphone à un adhérent. J’ai mis le monsieur sur le dos et j’ai vu qu’il ne respirait plus. J’ai commencé le massage cardiaque."
La situation ne s’améliore malheureusement pas. Un adhérent court chercher le défibrillateur et le ramène à Nicolas. "On a choqué la victime une fois." De quoi recueillir les constantes de Guillaume. Le défibrillateur indique de poursuivre le massage cardiaque.
FormationÀ l’arrivée des pompiers, la victime est à nouveau consciente.
"J’avais déjà fait des massages cardiaques sur des mannequins, mais jamais en situation réelle. Au début, j’ai analysé, puis je me suis vite dit qu’il fallait y aller."
"Chez Basic-Fit, on suit une formation aux gestes de premiers secours et un rappel tous les ans. C’est obligatoire pour tout le monde. Et en cas de problème cardiaque, d’hémorragie… on peut agir", salue Nicolas, tout en remerciant les adhérents de la salle présents à ces côtés ce jour-là et qui l’ont aidé.
Employé chez Basic-Fit depuis près de deux ans, l’agent d’accueil de 24 ans n’avait jamais eu à assumer de tels secours. Juste de petites interventions courantes pour de la bobologie ou des malaises vagaux.
"Il m’a permis d’être là aujourd’hui ! C’est une personne qui m’a sauvé la vie, que je ne connais pas, qui a eu le courage et la réactivité qu’il a fallu au bon moment."
Pas d'alerte avantD’autant que cet employé du Crédit agricole n’avait jamais eu aucun signe d’alerte. "À 34 ans, je n’ai pas de problème cardio, rien. J’ai une vie quand même à peu près saine, je ne fume pas… Je n’ai jamais eu de problème de santé particulier", analyse-t-il. Avant de poursuivre : "J’ai toujours fait un peu de sport, été à la salle, fait du tennis… Et quand c’est arrivé, j’étais en train de faire de la marche sur un tapis, je n’avais pas forcé comme un fou".
Et pourtant, même dans le camion de pompiers qui le transporte au CHU, Guillaume a refait un nouvel arrêt cardiaque. Il a dû être une nouvelle fois massé et choqué à l’aide d’un défibrillateur.
"Je suis un miraculé"Après un séjour en soins intensifs, Guillaume Chateignier a rejoint le service de cardiologie. Les examens n’ont pour l’instant pas permis de déceler la cause de ces arrêts cardiaques. "J’ai fait une coronarographie et les médecins ont regardé mes artères. Rien n’est bouché. Malgré les examens, scanner, IRM, on ne sait pas à quoi c’est dû. C’est un vrai arrêt cardiaque, foudroyant, sans signe d’alerte avant."
De nouveaux examens médicamenteux et tests d’effort doivent être pratiqués. Guillaume devrait également être équipé d’un défibrillateur, pour prévenir tout arrêt potentiel.
"Je suis un miraculé grâce à cette personne. Et je salue toute cette bienveillance", appuie Guillaume.
"Samedi, les pompiers sont venus me voir à l’hôpital. Ils m’ont dit que c’était rare de voir quelqu’un réanimé sans séquelle. Mon cerveau est intact. Toute cette bienveillance et ces choses faites rapidement m’ont permis de ne pas avoir de séquelles."
Et lui tient à alerter les sportifs qui partent seuls : « J’ai une montre connectée avec des applis de santé. Ma femme sait où je suis. Heureusement que j’étais à la salle ce jour-là. Je sais que je n’irai plus faire de sport en dehors, tout seul".
Gaëlle Chazal