WOMEN SPORTS : COMMENT ON ARRIVE À DEVENIR CRÉATRICE DE JEU DE PLATEAU ?
CHLOÉ WARY : Auteure de bande dessinée depuis 4 ans, j’ai imaginé et dessiné le jeu de société Dream Team. C’était un accident, un rendez-vous im- probable avec La Ville Brûle.
POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER CE JEU DE SOCIÉTÉ ? EN QUOI EST-IL FÉMINISTE ?
C’est un jeu de plateau qui se joue par équipe. Il y a des défis, et il faut les réussir pour marquer des buts. Ce qui était important pour moi était d’avoir autant de questions sur le foot féminin que masculin. Globalement, dans la société, elles sont plutôt invisibilisées par rapport aux gars. Puis, dans la culture, que ce soit dans les jeux ou les bouquins, c’est encore pire. Le jeu se veut féministe, parce qu’il se veut paritaire. Tout simplement.
COMMENT L’IDÉE VOUS EST-ELLE VENUE ?
Pour moi, le foot se joue évidemment sur un terrain. Donc le défi était de réussir à ne pas s’ennuyer autour d’une table, mais de ressentir tous les moments d’un match. C’est un jeu que j’ai développé pendant le confinement et il y avait une certaine frustration à combler. Je ne voulais pas juste un jeu de cartes ou un questionnaire de culture générale mais un jeu dynamique.
QUELLES SONT VOS ATTACHES AVEC LE FOOTBALL ?
Cela a commencé de manière banale. Mon papa est supporter du PSG. Nous regardions tous les matches à la maison. Ensuite, à 19/20 ans, j’écrivais l’histoire d’une adolescente qui s’émancipe à travers le football en même temps que passer le BAFA. Un peu naïvement, je me suis dit que j’allais pouvoir la raconter sans forcément pratiquer. Mentalement, ça a été le point de départ. À ce moment-là, j’ai aussi rencontré une coach qui montait une équipe non loin de chez moi. Un enchaînement de coïncidences. Je me suis dit que c’était peut-être le bon moment pour jouer, pour de vrai. Que j’avais ma place sur le terrain, comme n’importe qui. Cela fait 5 ans que ça dure.
POURQUOI CELA VOUS A PRIS AUTANT DE TEMPS ?
J’ai eu du mal à me projeter sur un terrain. Il faut dire que dans les magasins de sport, tout est normé pour que ça taille aux garçons. Quand je cherchais un protège tibia, un short, une brassière, un boxer… j’avais l’impression qu’il n’y avait jamais ma taille. Inconsciemment, tu te dis que tu n’es pas la cible, que tu n’es pas invitée à participer à la fête.
QU’EST-CE QUI A CHANGÉ ?
Pas grand chose. Aujourd’hui j’arrive juste à revendiquer que je suis une femme, même dans des habits qui ne sont pas taillés pour moi. Mais c’est un travail que je n’étais pas capable de faire il y a 6 ans.
CE N’EST PAS PRÊT DE S’ARRÊTER…
Pour moi c’est une renaissance de pou- voir jouer. J’ai l’impression d’avoir une revanche à mener pour toutes ces années de silence sportif. Je pense que pour rien au monde je ne pourrais arrêter.
COMMENT JOUER À DREAM TEAM ?
Dream Team est un jeu familial. Il faut d’abord constituer deux équipes, puis désigner un arbitre. Comme dans un match de foot, l’objectif est de marquer des buts.
Et pour faire trembler les filets, il faut remporter des duels qui opposent à chaque fois les deux équipes. Les défis sont nombreux, et « même les gens qui ne s’y connaissent pas vraiment peuvent y participer », assure Cholé Wary.
Il y a des questions de culture footballistique, mais aussi des défis de jongles, un concours de celui qui imitera au mieux un chant de supporters ou un entraîneur en interview d’après-match. Enfin, et pour faire échos à la culture manga et bande dessinée de la jeune auteure, des duels du meilleur design de maillot, ou du meilleur logo, feront aussi leur apparition pendant le match. Quelques cartes bonus viendront pimenter votre partie. Il est possible d’adapter le temps de jeu, tant qu’il y a deux mi-temps. La partie ne se termine que lorsque l’arbitre siffle.