Fondatrice dès 1965 de la première association trans en France, Marie-Andrée Schwindenhammer eut une vie rocambolesque qui la mena des champs de bataille à la prison, puis aux cabarets de Paris où elle a connu Coccinelle et Bambi.
Un pantalon corsaire laissant deviner des bas de soie. Une chemise en flanelle jaune citron, fermée au col par une délicate broche montée d'un camée. Des cheveux blonds, coupés court en prison, égayés d’une natte pastiche portée au creux de la nuque. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, les lèvres rouge pivoine, Marie-Andrée Schwindenhammer toise ses juges. Nous sommes en 1948, à la chambre correctionnelle du Palais de justice de Paris. Celle que l’on surnomme à l’époque "la trompeuse blonde" est poursuivie en justice pour la quatrième fois, pour usurpation d’identité.
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"Marie-Andrée est un personnage haut en couleurs à la trajectoire romanesque", s’émerveille Maxime Foerster, auteur de Elle ou lui ? Une histoire des transsexuels (sic) en France. Le chercheur – un des rares à s’être intéressé à cette pionnière du militantisme trans – en sait pourtant très peu sur la jeunesse de Marie-Andrée. "Son parcours interroge par ses zones d’ombre", insiste-t-il. Dans son ouvrage, on apprend qu'elle naît en 1909 dans une famille de la haute bourgeoisie vosgienne. Assignée homme à la naissance, elle effectue son service militaire obligatoire, tour à tour artilleur et aviateur en Champagne. Puis obtient un diplôme d’ingénieur radio-électricien à Lille. Sur les vingt ans qui séparent ses études de son procès en 1948 : mystère....