L’attractivité de l’avenue Victor-Hugo à Tulle marque le pas comme le montre un certain nombre de rideaux baissés. Un ensemble de facteurs pourrait expliquer le phénomène.
Que se passe-t-il dans l’avenue Victor-Hugo ? Depuis début 2023, huit commerces ont ouvert dans l’avenue, tandis que 12 ont fermé boutique. Un signal fort témoignant de la baisse d’attractivité de l’artère commerçante principale de la ville.Dans l’avenue, 30 locaux sont vacants. Six d’entre eux possèdent un projet en cours de réalisation, et neuf se trouvent disponibles à la location. L’autre moitié, soit les 15 restants, s’avère pour le moment inexploitable. La plupart se situant dans la première partie de l’artère.
Des locaux pas assez entretenus par les propriétairesPourquoi ? « Ces locaux ne sont pas entretenus par leurs propriétaires », déplore Michel Bouyou, adjoint au maire en charge du commerce. À noter que la Ville ne possède aucun local commercial dans l’avenue. Selon Cédric Beaussonie, manager du centre-ville, une partie des locaux indisponibles à la location fait face à de sérieux problèmes d’étanchéité. « Dans quelques locaux [situés à flanc de colline, N.D.L.R.], l’eau s’infiltre dans les bâtiments, témoigne-t-il. Dès qu’il pleut, c’est la catastrophe. »
À ce stade, rien ne permet d’affirmer l’origine du problème. Selon les hypothèses du manager du centre-ville, « cela pourrait avoir un rapport avec la vétusté des édifices, ou alors à des systèmes d’évacuation d’eau non adaptés, notamment dans la rue Marbot située juste au-dessus de l’avenue Victor-Hugo ». De son côté, l’Agglo prévoit des travaux sur le réseau d’assainissement d’eau de la rue Marbot pour le deuxième semestre de 2024. De quoi résoudre les problèmes d’évacuation d’eau ? Impossible de l’affirmer, mais la Ville préfère garder espoir.
Des facteurs observables au niveau nationalEn attendant, d’autres facteurs pourraient être responsables de la baisse de fréquentation. Toutefois, les causes ne sont pas spécifiques à l’avenue tulliste, et s’observent au niveau national. « Les modes de consommation des gens ont beaucoup évolué, surtout depuis le Covid, regrette Sébastien Fabris, président de l’association des Bonnets bleus [commerçants de l’avenue Victor-Hugo, N.D.L.R.]. Les achats en ligne ont explosé. Les gens commandent beaucoup par Internet, et ne viennent plus autant en magasin qu’avant. »
Une baisse de fréquentation, en partie due au télétravail ? « Sachant que Tulle est une ville administrative, avec environ 11.000 travailleurs par jour venant de l’extérieur, le télétravail doit faire son effet, ajoute Sébastien Fabris. Les gens se rendent moins souvent sur leur lieu de travail, et par conséquent, viennent moins souvent dans les commerces. »
Enfin, la vente de vêtements de seconde main, entre autres grâce à l’application Vinted, devient de plus en plus populaire depuis quelques années. Au profit des consommateurs, dont le pouvoir d’achat se trouve affecté ces derniers mois, mais au détriment des commerçants de proximité.
Ouverture en continu le mardi chez certains commerçantsPour tenter de retrouver de la clientèle, certains commerçants ont annoncé une ouverture de leur boutique le mardi entre midi et 14 heures, journée identifiée comme étant celle (avec le jeudi) où il y a le moins de télétravail.Lara Neupont a décidé d'arrêter la coupure méridienne et privilégie une ouverture en continu.
Depuis la période de Noël, la boutique de cosmétiques et de cadeaux de naissance BarbaBulles ouvre ses portes aux clients en continu. « Cette décision était nécessaire, assure Lara Neupont, gérante du magasin. Pour les gens qui n’habitent pas à Tulle et qui s’y rendent seulement pour le travail, c’est pratique. »La boutique de vêtements Territoire Jean’s a également décidé d’ouvrir le mardi midi. Ce que la responsable du magasin faisait déjà auparavant, mais avait décidé d’arrêter le temps de « la trêve hivernale », période où la fréquentation de la boutique est en baisse.
Plus de soutien pour les commerces de proximité« On fait le maximum pour être ouvert le plus possible, estime Sylvie Larribe, responsable de la boutique. On espère juste que les gens montrent davantage de soutien envers les commerces de proximité. » « Notre objectif est d’inciter les commerçants à essayer de trouver des solutions pour pérenniser leur activité, atteste Sébastien Fabris, président de l’association des Bonnets bleus. On est tous touchés, alors on se soutient entre nous. »
D’autres commerces pourraient rejoindre prochainement les 20 autres boutiques de l’avenue ouvrant déjà le mardi en continu. Néanmoins, cette mesure s’avère-t-elle vraiment efficace ? Pour l’heure, difficile de mesurer son impact, mais une partie des commerçants de l’avenue reste optimiste.
Texte : Samuel Purdy
Photos : Agnès Gaudin