3 mars 2024. "Un gars bizarre", d’après les témoignages, rôde autour de l’entrée du Carrefour de Chatel-Guyon, avant l’ouverture de l’enseigne. Le suspect porte un chapeau de paille…
À 9 heures, le magasin ouvre ses portes. L’homme porte cette fois-ci un masque chirurgical et des gants. Se faisant passer pour un client, il demande des renseignements à un employé sur des produits du supermarché.
"Fait pas le malin !"Puis, soudainement, il sort un couteau qu’il place sous la carotide de l’employé. L’agresseur le force à aller dans la réserve pour se faire ouvrir le coffre. "Fait pas le malin, je sors de prison ! Ouvre le coffre, ouvre le coffre !", crie le braqueur."Je suis obligé de penser à ça tous les jours, je suis toujours choqué mais je continue de travailler. Mon fils m’a dit : “Papa, tu aurais pu mourir ce jour-là…” Mais il faut avancer", témoigne pudiquement à l’audience l’employé braqué.Ce matin-là, le malfaiteur dérobe l’intégralité du coffre, des ticket-restaurants et du numéraire. En tout, le préjudice s’élève à plus de 10.000 euros.
L’homme repart illico. Mais grâce aux témoignages des employés présents ce jour-là, plus la vidéosurveillance, le suspect sera identifié rapidement par les enquêteurs. "Je suis innocent et c’est pas moi, ça c’est certain. J’aurai pas eu les c… de faire un truc comme ça", maintient le prévenu depuis ses premières auditions."On a retrouvé chez vous les affaires dont l’homme qui a commis le braquage s’est servi", souligne la présidente Anne Robert. "Y a des gens qui peuvent avoir les mêmes habits madame", rétorque le prévenu, sans détours.
"L’enquête a été faite à charge. On ne peut pas avoir la certitude que c’est lui qui a commis ce braquage", estime Me Audrey Dupuis en défense, plaidant une relaxe."Je ne sais pas qui c’est, mais c’est pas moi, répète son client. Si ça avait été moi, j’aurais avoué, pour avoir moins de problèmes. Je suis innocent." Le Puydômois conteste énergiquement, argumentant : "Moi je dors jusqu’à 10 heures du matin alors que le braquage, il a eu lieu à 9 heures, je l’ai lu dans le journal."
Le tribunal rajoute une nouvelle condamnation au casier déjà bien fourni de Kamel Targoult. Il est condamné à vingt et un mois de prison, plus la révocation d’un précédent sursis à hauteur de trois mois. Soit deux ans ferme en tout. Il est maintenu en détention.Il a interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et de paraître au magasin Carrefour de Châtel-Guyon pendant trois ans.
Julien Moreau
