Patron de l’escadron départemental de sécurité routière, le capitaine Sébastien Rouby décrypte les chiffres sur dix ans. Depuis 2013, les jeunes sont surreprésentés dans les statistiques des accidents mortels. Les 15-30 ans représentent environ 14 % de la population totale selon l’Insee, pour 25 % des personnes décédées.
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« Ils manquent d’expérience et n’ont pas la même appréhension des dangers de la route », note l’officier. Ont-ils des conduites à risques ? « On est effaré par le nombre de conduites sous stupéfiants », continue Sébastien Rouby. Les contrôles se sont démocratisés et quand les gendarmes cherchent, ils trouvent : « L’alcool est devenu has been. Pour les stupéfiants, la personne a l’impression de ne plus avoir d’effets, mais cela affecte la vision périphérique, la concentration sur la conduite… »
Les personnes âgées sont concernées par les accidents mortels dans le département depuis dix ans, mais à hauteur de leur proportion dans la population. Une partie implique des piétons de plus de 80 ans, comme à Maurs cette année. Il y a aussi plusieurs malaises au volant.
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L’été est la pire saison sur les routes du département. Logique : il y a plus de monde dehors, les jours sont plus longs et il est toujours plus agréable d’arroser un barbecue en juillet qu’en février dans le Cantal.
Effet de liberté« Il y a un effet estival certain, avec un esprit de liberté. Mais cela ne doit pas faire oublier les petites choses simples : pas d’alcool au volant, tolérance zéro sur les stupéfiants, on attache les enfants même pour un petit trajet… On reste un département de montagne, les routes ne sont pas larges, on ne voit pas forcément ce qui se cache derrière le virage. »
Les routes sont « plutôt bien entretenues, considère Sébastien Rouby. Il y a du gravillonnage, mais il est bien annoncé. C’est le comportement qui fait la différence : il est impensable de mettre un panneau tous les cinquante mètres, à chaque virage. Les efforts sont faits. »
Globalement, la vision sur dix ans est plutôt positive, avec une bizarrerie : beaucoup d’accidents, moins de morts. La vision plaît peu aux militaires qui quadrillent le département à moto : « Les véhicules ont progressé en sécurité passive, mais si les accidents ne sont pas mortels, ils restent très graves. Cela reste dramatique, avec un impact sur les vies personnelle et professionnelle des victimes. »
Et maintenant ?Dans le Cantal, il y a une réalité démographique qui revient régulièrement en statistique, notamment sur la sécurité routière. Comment qualifier les chiffres lorsque l’échantillon est faible ?
Ainsi, de janvier à juin 2023, il n’y avait eu aucun mort sur les routes du département, malgré un nombre d’accidents comparable aux années précédentes. Difficile à expliquer. « C’était un très heureux hasard, décrivait alors le préfet Laurent Buchaillat. Le nombre de morts sur les routes est décorrélé du nombre d’accidents. La différence entre un accident et un accident mortel tient parfois à très peu de choses. »
Le retour de bâton avait été rude au second semestre. Les accidents avaient ainsi commencé à augmenter fin juillet, dépassant les totaux de 2022. Le nombre de morts avait tristement suivi, avec une période noire, de septembre à novembre. L’année s’est terminée avec le bilan de six décès.
Le premier trimestre 2024 confirme cette triste tendance. Six personnes sont mortes sur les routes du département. C’est beaucoup et cela rappelle les années noires. Depuis 2013, aucune année n’a démarré aussi mal, même 2022 (14 morts) ou 2017 (12 morts, 120 blessés).
Mauvais chiffres en 2024En janvier et février, où les chiffres sont consolidés, le nombre d’accidents par rapport à la même période en 2023 a doublé (27 contre 13). Le nombre de blessés suit la même trajectoire, avec 31 blessés contre 14 en 2023 sur la même période.
Concernant les comportements dangereux, le nombre de suspensions administratives prononcées notamment après un grand excès de vitesse (40 km/h au-dessus du maximum autorisé), un contrôle positif à l’alcool (0,8 gramme par litre de sang ou plus) ou en ayant conduit après avoir consommé des stupéfiants, est en légère baisse : 118 sur les deux premiers mois de l’année, contre 134 sur la même période en 2023. Mais la météo a joué un rôle, notamment concernant les excès de vitesse.
À l’escadron départemental de sécurité routière, ces chiffres sont notés. C’est même un outil de travail pour déployer la quarantaine de motards des deux brigades motorisées et du peloton motorisé de Saint-Flour. Sauf que « nous ne pouvons pas mettre un gendarme derrière chaque voiture », soupire son commandant, le capitaine Sébastien Rouby.
Un relâchement constaté après le Covid« Tout repose sur le comportement et l’adaptation de sa vitesse aux conditions de circulation, note-t-il. On a constaté, en 2022, un retour aux chiffres des mauvaises années. Il y a un relâchement après les confinements Covid. » Les chiffres ne mentent pas : même si l’échantillon est faible, le relâchement se confirme en 2024. La préfecture a annoncé un renforcement de la présence des forces de l’ordre sur les routes, en lien avec ce démarrage catastrophique.
Pierre Chambaud