A 200 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, un refrain revient de manière lancinante : certes, l'événement coûtera près de 9 milliards d’euros, mais les retombées économiques en seront d’autant plus importantes. Une récente note publiée par Asterès vient battre en brèche cette idée. Les JO 2024 "seront avant tout une fête du sport", mais "il est illusoire d’en attendre des effets économiques puissants", est-il écrit. Les Jeux devraient créer 116 000 emplois et 9,8 milliards d’euros de valeur ajoutée, selon les estimations de l’institut, mais ces effets "sont en réalité modestes quand ils sont comparés à la taille de l’économie française et étalés dans le temps", poursuit la note. Concrètement, l’impact sur la croissance française sera très faible, de l’ordre de 0,1 %, selon l’institut Asterès.
Dans le cas de Paris 2024, les Jeux vont surtout permettre d’anticiper et d’accélérer des travaux d’infrastructures prévus de longue date, comme les transports, la rénovation du Grand palais ou la baignabilité de la Seine. Car le budget de ces Jeux est conséquent : 8,8 milliards d’euros (4,4 milliards d’euros sont dédiés à la construction d’infrastructures et 4,4 milliards d’euros à l’organisation proprement dite). Il faut toutefois prendre en compte que certaines de ces dépenses ne sont pas uniquement concentrées sur l’année 2024, puisque plusieurs d’entre elles liées aux infrastructures sont réalisées avant l’événement, et certains effets d’entraînement se répercuteront après 2024. Toutefois, l’effet des Jeux sur le tourisme, l’attractivité et l’image du pays sera significatif, bien que difficile à chiffrer précisément. Cela dépendra en grande partie de la réussite de l'organisation, de l'impact des prix des logements sur les touristes, des enjeux liés à la sécurité ou encore de l'impact du télétravail qui sera encouragé dans un certain nombre d'entreprises.
Pour dresser la meilleure estimation possible de l’impact économique des Jeux olympiques, l’institut dirigé par Nicolas Bouzou s’est également penché sur les olympiades passées, et en a conclu que "les pays organisateurs n’ont pas connu de stimulation économique notable". "En analysant la dynamique de croissance de chaque pays hôte depuis Séoul (1988), on ne constate pas de pic de croissance l’année des Jeux olympiques (qui serait lié à un afflux de touristes par exemple), ni les années précédentes (qui serait dû aux dépenses de construction) ni les années suivantes (du fait de l’amélioration de l’image du pays qui entraînerait une attractivité accrue", est-il écrit. La Corée du Sud connaissait une forte croissance bien avant d’accueillir les JO, et cet événement n’a, semble-t-il, eu aucun impact sur celle-ci. En Espagne, les Jeux de Barcelone de 1992 n’ont pas non plus modifié la trajectoire de croissance du pays. Même conclusion aux Etats-Unis, après les JO d’Atlanta de 1996. Plus récemment, l’organisation des JO à Rio de 2016 n’a pas empêché le PIB du pays de se contracter cette année-là, notamment en raison de la baisse des cours des matières premières.
A travers cette note, l’institut Asterès se garde bien, cependant, de critiquer l’organisation de ces Jeux à Paris. Mais il met en garde contre ceux qui seraient tentés de ne regarder que le succès ou non de l’événement en termes économiques. Il faudrait donc davantage se focaliser sur l’engouement populaire soulevé par ces JO : "Les souvenirs du Mondial 1998, où les enfants jouaient au foot dans les cours de récréation avec le maillot de Footix en se prenant pour Zidane restent ancrés dans la mémoire de nombreux Français", conclue la note.