Enfant, son choix se portait toujours sur les couteaux dans les boutiques de souvenirs. « Au grand désespoir de mes parents, ils me les confisquaient car j’étais trop jeune », se remémore Mathieu Nésen. Il y a trois ans, il est passé de simple collectionneur à artisan coutelier. Maintenant, ses couteaux, il les crée et cherche à partager l’art de leur confection avec des ateliers cette année à Guéret.
Toucher ailleurs qu’un public de connaisseursMathieu Nésen commence par dessiner des idées de modèles à la main. Il les reprend à l’ordinateur pour vérifier que le concept fonctionne bien. À partir de là, il met diverses machines à contribution pour reproduire son croquis : scie à ruban, ponceuse à bandes, perceuse à colonnes, four de trempe… « Par rapport au dessin de base, il y a toujours de petites modifications alors pour un même croquis, chaque couteau va être différent. »
Selon leurs usages aussi, les couteaux varient. « Pour certains, il faut qu’ils puissent passer au lave-vaisselle. Les couteaux de cuisine sont souvent nettoyés alors je réserve les matériaux synthétiques et l’acier inoxydable aux couteaux de jardin. » Et les manches peuvent être réalisés grâce à des chutes de bois tout comme des matériaux plus recherchés. « Les lots de chutes de bois ne paient pas de mine mais une fois qu’on les travaille, ils ont une jolie couleur et un joli motif. » Sinon, Mathieu Nésen garde dans ses tiroirs des mélanges de bois et résines, de la fibre de verre, de la fibre de carbone, de la corne de vache ou de buffle et même de l’ivoire.
Fabriquer ces outils a été pour lui un loisir pendant un moment. Ancien animateur nature au CPIE du pays creusois, Mathieu Nésen passait ses week-ends tantôt en coutelier tantôt en photographe animalier. Il a participé à un stage d’une semaine à la Forge des Combrailles (Charensat, Puy-de-Dôme) pour se perfectionner mais ne s’est décidé à quitter son poste qu’à la fin de l’année 2019. Avec les confinements de l’année 2020, il a profité de s’être retrouvé coincé à la maison pour professionnaliser cette activité.
Damien Richard, coutelier d’art et forgeron est installé à Charensat au cœur des Combrailles
Il vend principalement à domicile et par correspondance mais en 2022, il est passé dans la boutique guérétoise Label Creuse et pour les dernières fêtes de fin d’année, ses couteaux étaient disponibles à la Boutique éphémère dans la Grande rue. Mathieu Nésen vend à une clientèle, il l’avoue, surtout connaisseuse. Car quand ce n’est pas le cas, « beaucoup ne se rendent pas compte du travail derrière le prix ». En plus du temps de production parfois long, il y a aussi le temps de réflexion pour imaginer un nouveau modèle et de recherche quand Mathieu Nésen doit apprivoiser un nouveau type de mécanisme.
Un couteau fixe avoisine les 100 à 150 euros car il n’y a pas de mécanisme à l’intérieur. Pour un couteau pliant avec ressort, c’est autre chose. Il doit confectionner lui-même la pièce métallique et cela prend bien plus de temps. Pour l’instant, il vend ces modèles environ 250 euros. Un possible partenariat avec une entreprise thiernoise pourrait l’aider à baisser ces prix. « Je pourrais sous-traiter la partie métallique des modèles, gagner du temps et proposer des tarifs abordables pour cet autre public », moins expert en la matière.
Afin d’atteindre ce marché nouveau, il compte bien se servir de ses talents d’animateur pour les stages, cette nouveauté 2024. « J’ai eu plusieurs demandes à ce propos et j’aime bien enseigner. Pour les participants, c’est l’occasion d’avoir quelque chose de très personnel à la fin de cette journée. »
Pratique. Contacter Mathieu Nésen par téléphone au 06.86.13.25.50 ou par mail à l’adresse contact@mathienesen-coutelier.fr
Charlotte Mathiot