Le congrès s'ouvrira lundi dans l'agglomération de Clermont-Ferrand, jusqu'à vendredi. Environ un millier de délégués sont attendus, dans un contexte particulier, celui d'une mobilisation contre la réforme des retraites qui a rebondi après plus de deux mois de contestation, et dans laquelle la CGT est aux avant-postes.
"Les délégués vont arriver avec quatre, cinq, six semaines de mobilisation, de grèves, d'initiatives quotidiennes (...) Ca va être un grand moment", se réjouit par avance la secrétaire générale de la Ferc (Fédération Education, Recherche et Culture), Marie Buisson, candidate désignée par la direction sortante.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, devrait défiler une dernière fois sous cette casquette mardi dans les rues de Clermont.
Comme les autres organisations syndicales, la CGT a repris des couleurs à la faveur de la mobilisation contre le report de l'âge de la retraite à 64 ans, portée par une intersyndicale unie autour du duo que M. Martinez forme avec le leader de la CFDT, Laurent Berger.
Mais durant ses huit ans de mandat, la CGT a perdu sa place de première organisation syndicale au profit de la CFDT, un "échec" a-t-il reconnu dans Le Monde mercredi.
Surtout, M. Martinez lègue une organisation profondément divisée, au point que l'issue du congrès est incertaine aux yeux de nombre de responsables syndicaux comme d'observateurs extérieurs.
"Désagrégation "
La candidate adoubée par la direction, Marie Buisson, est défiée par Céline Verzeletti, co-secrétaire générale de l'UFSE (Union fédérale des syndicats de l'Etat).
Sans être officiellement candidate, cette dernière a le soutien de plusieurs puissantes fédérations de la CGT, dont celles des cheminots ou de l'énergie, qui considèrent qu'elle "semble réunir les conditions d'un large accord, d'un rassemblement de l'ensemble des organisations de la CGT, et la possibilité d'un travail collectif" au sein des instances de direction du syndicat.
Le secrétaire général de l'Union départemental des Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu, s'est aussi mis sur les rangs, mais sa candidature ne respecte par les critères définis par le CCN (Comité confédéral national, le "parlement" du syndicat) et ne devrait pas aboutir.
Les opposants de Mme Buisson lui reprochent une faible notoriété, de ne pas avoir mené de lutte emblématique, et de s'être surtout fait connaître pour avoir représenté la CGT au sein du collectif "Plus jamais ça" (rebaptisé l'Alliance écologique et sociale), qui réunit syndicats, ONG et associations, avec la volonté d'aborder de front questions environnementales et sociales.
Plusieurs grosses fédérations industrielles ne se retrouvent pas dans les orientations de "Plus jamais ça", notamment sur le nucléaire, et un front plus large encore critique l'absence de débat démocratique au sein de la CGT sur cette alliance créée en mars 2020.
Auprès du Monde, M. Martinez s'est félicité que la CGT ait "progressé" sur "l'ouverture à d'autres acteurs de la société civile".
Il a aussi fait valoir que la CGT avait su "clarifie(r) (ses) relations avec les partis politiques", en affirmant clairement son leadership sur le mouvement social, face aux volontés hégémoniques de la France insoumise.
"Je ne veux pas qu'un parti soit dans les gradins, lors des réunions du CCN, pour nous dire ce que l'on a à faire", a-t-il dit, visant LFI, et par ricochet Mme Verzeletti, qui en est proche.
Les votes sur le rapport d'activité (mardi) et le document d'orientation (jeudi) devraient permettre d'y voir plus clair sur les rapports de force. In fine, c'est le CCN qui tranchera, vendredi matin.
Auprès de l'AFP, un fin connaisseur des questions sociales s'alarme de l'état de "désagrégation" de la CGT et de la suite, quelle que soit la gagnante.
"Céline Verzeletti, si elle est installée par les fédérations contre la confédération, ce n'est pas elle qui va s'affranchir de la tutelle des fédérations. Marie Buisson imposée par Martinez à plein de gens qui n'en veulent pas, ça ne sera pas plus simple", s'inquiète-t-il.