Trois ans de faits et trois années à venir. À mi-mandat, comment la maire et ses oppositions évaluent la situation de Guéret ?
Nous arrivons à mi-mandat, comment se sont passées ces premières années pour vous ?
Elles ont été très compliquées. Deux années de Covid, une crise énergétique… Un contexte peu favorable à l’émergence de projets et des aléas qui nous ont occupés à 100 % : réouverture du chantier du réseau de chaleur, piscine, les incidents sur le chantier du musée… Il a fallu à chaque fois assumer la crise, et mettre de côté ce que nous avions projeté. Réparer, avant tout, ce que nous avions hérité du passé.Mais tout cela a aussi été formateur.Marie-Françoise Fournier, maire de guéret
C’est-à-dire ?
Parce que c’est sur l’obstacle que l’on voit notre capacité à réagir. La cohésion des équipes, que ce soit les élus ou les agents de la municipalité. Qu’on voit aussi sur quel partenaire extérieur on peut compter.
Sur lesquels, justement, vous avez pu compter ?
Nous avons eu un très gros soutien de l’État. La préfecture a été là, et je l’en remercie. Ce travail de proximité avec l’État a été essentiel pour faire remonter nos difficultés.
Donc un début de mandat difficile…
Mais passionnant. On a tous appris une fonction qu’aucun d’entre nous n’avait jamais occupée. C’est énergivore, mais je m’en doutais. Je passe ma semaine entière en mairie, week-end compris.
"Je comprends d’ailleurs de moins en moins, ou j’admire de plus en plus, ceux qui peuvent cumuler plusieurs fonctions. Une ville préfecture, même aussi petite que la nôtre, elle vous mange tout votre temps et vous n’en avez jamais assez"
Ce mandat, vous envisagiez qu’il soit le seul pour vous, est-ce toujours le cas ?
C’est un peu tôt pour le dire. Ce que je peux affirmer, c’est qu’un mandat ne suffit pas. Pour une équipe, je ne parle pas de moi. Le premier sert à réaliser les chantiers d’avant, à prendre connaissance des dossiers, à les modifier quand ils ont été enclenchés par d’autres et, enfin, à commencer de mettre en place vos propres projets que vous aviez annoncés durant la campagne.Marie-Françoise Fournier, maire de guéret
C’est le mandat de la pose des premières pierres et de la prise de conscience des réalités. Le second révèle réellement ce qu’une équipe est capable de donner. C’est pour cela que je souhaite un second mandat, pour notre équipe. Cela ne veut pas dire que j’en serai à la tête.
C’est-à-dire que vous pourriez repartir avec cette liste sans en être à la tête ? Sans être la maire du nouveau mandat ?
C’est possible. Mais il faut toujours assurer sa succession même si, au sein de notre majorité, nous nous interdisons de travailler pour les prochaines élections. On travaille pour le présent et pour les projets que nous avons défendus pour cette ville.
J’adore ce que je fais, c’est passionnant, et me représenter, ou pas, ne dépendra que de la question que je me poserai sur mon âge, j’aurai 69 ans à ce moment-là. Aurai-je l’énergie?? Je ne veux pas être un boulet pour l’équipe?!
Comment votre ville a traversé les crises : le Covid, le confinement, puis l’inflation, la crise énergétique…?
Je pense qu’elle a une vraie résilience. C’est un petit territoire dont les acteurs de terrain se connaissent en très grande proximité, s’entraident, et portent des discours cohérents.
On a été exemplaire face au Covid. Ici comme ailleurs, les gens sont accablés par le contexte et le cumul des crises. Mais, on a une vraie solidarité associative, institutionnelle, remarquables. Je pense aussi que c’est une ville qui apprécie la transparence. On lui dit souvent des choses difficiles, mais si c’est clair et expliqué… c’est accepté.
Par exemple ?
La piscine ! Ça a été un choc de découvrir son état. Et une décision difficile que de la fermer. Un très gros sacrifice, on a dit pourquoi. Et les Guérétois ont compris. La raison l’emporte.Marie-Françoise Fournier, maire de guéret
Vous avez abandonné le projet de rénover la piscine municipale pour permettre à celui de centre aqualudique de se réaliser, est-ce que ça émerge ?
L’Agglo a recruté un cabinet de maîtrise d’œuvre, ils en sont à l’analyse des deux terrains entre Beausoleil et la plaine des jeux, à côté de l’ancienne piscine dont on est prêt à donner le terrain et qui pourra en outre bénéficier du réseau de chaleur.
Le projet a été revu à la baisse, on s’est dit : de quoi a-t-on besoin à Guéret et dimensionnons le projet à ces besoins-là. Et en tenant compte des coûts du chantier, qui augmentent, et de l’énergie qui crèvent le plafond à La Souterraine et Aubusson. La piscine de l’Agglo aura intégré toutes les données thermiques.
Il y a un an, lorsque vous avez rejoint l’exécutif de l’Agglo, vous envisagiez de retrouver une vice-présidence, où en est-ce ?
C’est toujours à suivre, nos élus travaillent en commission. Moi, je trouve toujours inexplicable que le maire de ville préfecture ne soit pas à la gouvernance de l’Agglo. Il n’y a pas d’Agglo s’il n’y a pas Guéret et il y a des sujets qui ne concernent que Guéret, comme le Cœur de ville. J’ai posé la question – officiellement et par écrit – on ne m’a pas dit non. On ne m’a pas dit oui. On m’a dit : on verra, on va en discuter. À suivre, donc.
Comment va l’hôpital de Guéret dont vous présidez le conseil de surveillance ?
C’est un hôpital qui a bien tenu le choc, qui est sorti d’une zone de turbulence épouvantable, avec des directeurs successifs, de l’intérim, des luttes internes compliquées… Il a traversé l’été dernier sans grave crise, contrairement à d’autres. Les urgences ont tenu le coup. On a rouvert des lits de gériatrie, on embauche et des travaux d’envergure sont prévus. Il a une stabilité. Le projet médical est rédigé et les documents stratégiques sont prêts.
Tout va bien, donc ?
C’est un établissement qui a ses difficultés, comme beaucoup d’autres, sur les recrutements, sur les plannings, mais il y a aussi un gros travail sur les risques psychosociaux… Et la situation budgétaire est compliquée, avec un déficit récurrent comme dans la majorité des hôpitaux de France, mais on a été très aidé par l’ARS. L’hôpital a passé le choc de la crise dans des conditions correctes. Les liens avec le CHU et la clinique de la Marche se sont posés. On a une école d’infirmières qui a doublé ses effectifs.
Sur les écoles, on vous a reproché d’avoir envisagé la fermeture de Jean-Macé (*)…
En raison de la baisse drastique d’élèves, je m’attendais à des fermetures importantes. Je voulais plusieurs scénarios, si fermetures il y avait. Et il y a eu. Où seraient-elles plus judicieuses ? Y aurait-il une ou deux fermetures ? Plus ? Devrait-on fermer une classe par établissement ? Une partie d’école ? Une école entière ? C’était purement technique…
Il fallait que tout le monde soit face à la réalité : si on garde toutes les écoles, combien ça coûte ? Et que tout le monde assume ce coût sans crier au loup.
(*) L’interview, réalisée avant le mouvement suscité par la carte scolaire, a été actualisée par Mme Fournier.
Propos recueillis par Éric Donzé