Galvanisé par le mouvement contre la réforme des retraites, qu’il analyse comme l’amorce d’une reconquête, le chef de file des communistes convoque l’imminence d’un grand soir. Pour lui, les jours heureux sont devant nous.
Le titre de votre livre semble faire fi des crises que nous traversons.
C’est un appel. L’alternative à Macron est un espoir de progrès. Son discours est désespérant. Il n’est pas capable de mettre en place les réformes justes dont notre pays a besoin. Au lieu de s’attaquer aux richesses du capital et de la finance, ce sont les travailleurs qui se font taxer deux ans de leur vie.
La loi est passée grâce au 49.3. Qui doit avoir le dernier mot ? L’exécutif, le Parlement, la rue ?
Les Français, par le référendum, s’il y a encore un doute sur le fait qu’ils ne veulent pas de cette réforme. Nous pouvons relever ce défi autrement qu’en travaillant plus longtemps.
Emmanuel Macron avait tout de même annoncé la couleur.
Au 1er tour de la présidentielle. Mais au 2e, face à Marine Le Pen, il a admis que 30% ont voté pour lui pour faire barrage à l’extrême droite, que ce résultat l’obligeait à en tenir compte. Il a oublié son engagement. Il y a aujourd’hui un puissant mouvement, depuis deux mois, porté par une intersyndicale exemplaire. Les forces de gauche montrent qu’elles portent un projet alternatif. Une force nouvelle émerge. Ça change la donne.
Une force nouvelle émerge. Ça change la donne.
Nous incarnons un collectif prêt à gouverner et à mettre en œuvre des réformes.
Vous semblez envisager une accession au pouvoir avant 2027 ?
Le résultat de la motion de censure montre que le gouvernement ne tient qu’à un fil. Sa position n’est pas tenable. Il ne pourra pas engager de nouvelles réformes. Or, il y a urgence. Sur le pouvoir d’achat, l’énergie, les services publics, l’industrie. C’est maintenant qu’il faut agir.
La majorité va-t-elle exploser ?
Macron vient d’engager une cohabitation avec les Français. Il s’enferme, s’isole, son gouvernement est cramé, discrédité. Je ne vois pas comment il pourra trouver une majorité sur des textes importants, dans les semaines qui viennent. À gauche, nous devons être prêts à tout, y compris une dissolution.
La Nupes et Jean-Luc Mélenchon sont-ils le bon véhicule pour redresser la gauche ?
Non, il faut aller bien au-delà. La Nupes a été une étape mais elle a échoué. Il faut sortir de la personnalisation de la vie politique. Elle ne peut pas se résumer, à gauche, à un homme, Jean-Luc Mélenchon, malgré son talent. Il a aussi des défauts. Le PCF jouera son rôle. Je suis obsédé par ça. La reconquête du pays, le changement, les jours heureux pour les Français. Nous n’avons pas vocation à être dans l’opposition.
Vous représentez un peu l’héritier du vieux grimoire de la gauche, celui des fondamentaux : redistribution, renationalisation, réindustrialisation. Vous l’acceptez ?
C’est ce que la gauche a perdu quand elle s’est retrouvée au pouvoir, qu’elle a oublié son idéal, qu’elle a échoué. Il faut renouer avec cette démocratie sociale, créer les conditions pour que le peuple décide de la façon dont nous produisons. Le président du Medef dit que c’est celui qui paie qui décide. Non, c’est aussi celui qui produit.
Il y a une perte de sens dans le monde du travail ?
Terrible ! Chez les infirmières qui souffrent de ne pas exercer leur métier dans de bonnes conditions, chez les métallos qui ne trouvent plus goût à leur métier. Même l’enseignement n’attire plus.
Votre ouvrage propose une grille de lecture postmoderne, qui fait fi du désenchantement ambiant. Vous y croyez vraiment ?
Si on n’y croit pas nous-même, comment les gens pourraient y croire ? Il existe une majorité de gauche en France. Il suffit de convaincre les millions d’abstentionnistes.
La France de gauche, elle est là, endormie ?
Endormie dans l’abstention. Nous saurons la réveiller, en lui redonnant de l’espoir. C’est ce que nous avons fait ces dernières semaines contre la réforme des retraites.
Dans votre livre, vous parlez du fait d’être communiste en 2023. En une phrase, qu’est-ce que c’est, le communisme 2.0 ?
En quoi est-ce la solution aux crises que nous traversons ? Dans communisme, il y a commun. C’est la mise en commun de nos richesses, de nos forces, au service de l’humain, la planète.
Propos recueillis par Sébastien Couratin