Reportée pour cause de Covid, l’exposition Pays-Bas, l’autre pays des Beaux-Arts, présentée du dimanche 19 mars au 18 juin au Centre d'art contemporain de Meymac (Corrèze), offre un panorama de la création néerlandaise actuelle.
Au rez-de-chaussée, une peinture pop et géométrique réalisée à même les murs de l’abbaye Saint-André. Deux grandes toiles aux couleurs floues qui captent le regard.
Au premier, une série de sculptures, certaines accrochées au mur, des toiles de lin tendues sur un châssis, peintes et déstructurées pour créer des volumes plus vrais que nature. Un Réfrigérateur de Lituanie parfaitement "duchampien".
Au second niveau, des dessins de grand format où l’architecture est reine, régulière et lumineuse, des bases de colonne en faux marbre, un hôpital médiéval à la mine de plomb aux espaces complètement déstructurés.Photos architecturales de Satijn Panyigay.
Au-dessus, des photos de bâtiments déshumanisés, sans affect, en point d’orgue l’image d’une fenêtre sans rideau, typique des Pays-Bas.
Ailleurs encore, un écorché en résine aux longs doigts rouge sang palpitant, un enchevêtrement de tuyauteries qui accouchent de deux gros œufs de poule, deux petites toiles riches de l’influence de Van Gogh, des natures mortes dignes de grands maîtres hollandais, une installation vidéo à double-face, sur l’une un store, sur l’autre une ouverture sur un jardin.
Panorama de la création actuelle néerlandaiseConçue au printemps 2020, reportée à cause de la crise du Covid, l’exposition de printemps du Centre d’art contemporain de Meymac, Pays-Bas, l’autre pays des Beaux-Arts, propose "un panorama de la création néerlandaise actuelle et d’en montrer toutes les facettes", commente Caroline Bissière, la directrice du Centre d’art.Caroline Bissière, directrice du CAC de Meymac, devant un faux marbre de Nynke Koster et un dessin grand format de Robbie Cornelissen.
Toutes les techniques sont de la partie, peinture, sculpture, dessin, photo, collage, vidéo ; les thématiques et les questionnements se mêlent. Dans les toiles d’Ellen Kooi, luxuriantes et mystérieuses, "la nature prédomine, elle semble prendre le dessus, à moins qu’émergent les vestiges d’une civilisation ancienne".
À différents niveaux, les créateurs d’aujourd’hui interrogent leurs prédécesseurs des siècles passés, leur classicisme et leur droiture. "Les écorchés de Bas de Wit, note Caroline Bissière, réinterrogent la pratique de la sculpture classique. C’était une sorte d’exercice obligé du parcours de formation des artistes. Ici, il est repris entre anatomie et trois âges de la vie."
De même pour les photos architecturales de Satijn Panyigay, jeux d’ombre et de lumière où "l’on sent la paternité avec la peinture hollandaise des XVe et XVIe siècles", dans un jeu de perspectives original.
Retenue et rigueur"La création contemporaine aux Pays-Bas explore une multiplicité de voies", commente Caroline Bissière. "Mais dans toutes, il y a quelque chose de protestant. C’est un travail toujours très retenu, sans humour. Dans l’ensemble, c’est très froid, avec une forme de raideur. Tout est donné à voir, semble-t-il, mais en fait, rien n’est donné à voir."Toiles aux couleurs floues de Lon Godin.
Elle poursuit : "Une exposition a plusieurs temps : choisir des œuvres autour d’un propos, articuler les différentes thématiques, puis un travail de cousu-main de mise en regard des œuvres. Le public fonctionne beaucoup par proximité visuelle. Pour que l’exposition se maille bien, il faut que se construise une association par le regard, même de manière inconsciente."
"Au final, cela crée une déambulation où tout devient naturel et invite le public à faire sa propre lecture des œuvres. En pratiquant les expositions régulièrement, les connexions se font naturellement. La très grande difficulté, c’est de faire en sorte que le public passe la porte."
Les visiteurs fidèles du Centre d'art ne manqueront pas l'occasion de ce voyage artistique plein de surprises.
Exposition Pays-Bas, l’autre pays des Beaux-Arts, du 19 mars au 18 juin à l’Abbaye Saint-André - Centre d’art contemporain de Meymac, du mardi au dimanche de 14 heures à 18 heures, y compris jours fériés, et le matin sur rendez-vous ; Tél. 05.55.95.23.30 ou www.cacmeymac.fr.Vernissage aujourd’hui, à partir de 18 heures. Dimanche, dans le cadre des Week-ends Télérama, ouverture de 14 heures à 18 heures ; visite guidée à 15 heures.
Blandine Hutin-Mercier