En septembre, au match aller à Grenoble, lors de la cinquième journée de Pro D2, Marc Palmier avait repris les commandes du jeu à l’ouverture après des entrées positives depuis le banc, mais toujours dans le rôle d’ouvreur. Fin janvier, il était de nouveau prévu pour débuter en 10 face au FCG à Jean-Alric, pour ce match qui n’a finalement pas eu lieu en raison du terrain partiellement gelé. Et vendredi soir ? C’est ouvert, dans un groupe qui devrait voir certains joueurs issus du banc basculer dans le XV de départ.
Pour celui qui a trusté le poste d’ouvreur la saison dernière en y engrangeant confiance et expérience, au sein d’une charnière avec Bouyssou qui pouvait surfer sur ses repères, évoluer avec le 10 dans le dos ne devrait pas être un événement.
Un rôle de second ouvreur taillé pour ses qualitésMais dans l’intervalle, Marc Palmier a aussi proposé autre chose. Un petit quelque chose en plus au sein de la ligne d’attaque au poste de premier centre, dans ce rôle de deuxième ouvreur qui est à l’origine le genre de schéma qui plaît à son entraîneur ; lequel s’était notamment appuyé sur Dubourdeau en 12 pour ses débuts à la tête de l’équipe.
Cette saison, Marc Palmier a disputé 12 matches comme titulaire, tous à l'ouverture. Il a aussi assuré le poste en sortie de banc, mais ses prestations au centre en cours de partie ouvrent d'autres perspectives.
Chaque fois qu’il a glissé en 12, Palmier a pesé sur le jeu de son équipe, dans une entente avec Aucagne qui ouvre une foule de perspectives entre deux garçons complémentaires plus que concurrents.
Là où on pourrait craindre que deux ouvreurs sur le pré se marcheraient sur les pieds, le plus expérimenté des deux a su se fondre dans cette fonction de second animateur avec aisance, où ses qualités naturelles répondent à celles du champion de France Espoir, habitué à jouer avec un 12, lui aussi joueur et technique (Bastard).
Actuellement le numéro 10 conserve sa préférenceMais ce rôle, l’ancien joueur de l’ASM – qui avait justement été formé à la fois comme centre et ouvreur dans le Puy-de-Dôme – l’a uniquement tenu en cours de partie. Pas encore au coup d’envoi. À ce jour, l’Aurillacois se définit d’abord comme un ouvreur, même s’il reconnaît que le poste de centre peut être plaisant et qu’être utilisé dans ce système lui donne des clés pour étoffer encore son jeu… comme 10.
"À l’heure actuelle, je suis numéro 10, mais c’est toujours une corde à mon arc parce que forcément, j'ai été formé à ce poste-là et le staff me fait confiance à ce poste aussi. Comme à d’autres postes. J’ai la chance d’être assez polyvalent, ce qui est une force pour moi, et puis ça fait trois ou quatre semaines maintenant que le staff travaille à me faire jouer à ce poste"
« Pour l’équipe, c'est vraiment bénéfique et moi, ça me permet de toucher un peu à tout. Quand je ne suis pas en numéro 10, ça permet d’avoir une autre vision du jeu, un peu plus écarté et derrière la défense pour permettre d’avoir un peu plus de hauteur parce qu’en 10, on est plus près de la ligne de défense », observe le Cantalien.
Un déclic contre Nevers, des jalons face à ColomiersCette saison, avant d’être régulièrement intégré au centre en cours de match, Marc Palmier s’était aussi montré à son avantage sur un décalage dans le fond du terrain pour répondre à une réorganisation subie en raison de blessures. Il avait d’ailleurs été bluffant et sa vitesse comme sa capacité à remonter les ballons avaient été à signaler lors de la réception de Nevers (J11).
L'association Aucagne en 10, Palmier au centre a permis à Aurillac de se montrer plus joueur, avec deux garçons qui se complètent sans se marcher sur les pieds. Mais toujours en cours de partie.
Quinze jours plus tard, contre Colomiers (J13), il avait posé les jalons de son efficacité en premier centre en ne se contentant pas de faire le nombre, mais bien en proposant des solutions offensives pour donner un autre visage et plus de fluidité encore à l’attaque cantalienne.
D’autant que Palmier fait partie de ces ouvreurs qui aiment la défense, et sa grosse activité au plaquage donne aussi des garanties un peu plus bas dans la ligne de trois-quarts, où son goût pour attaquer la ligne lui offre aussi plus de champ et plus d’occasions de casse le rythme et la ligne, a fortiori avec le profil joueur d’Aucagne devant lui.
C'est aussi surtout une question de complémentaritéCela pris en compte, faudrait-il définitivement fixer l’ouvreur au centre ? On a déjà eu l’occasion d’écrire tout l’intérêt (et une certaine préférence, oui) d’aligner le joueur dans ce schéma. De là à tirer une croix définitive sur Palmier en 10 ?
Par sa longueur au pied et son profil de gestionnaire quand il est à l’ouverture, l’ancien Clermontois conserve du crédit pour faire reculer des équipes à la défense très organisées comme Grenoble, notamment dans des conditions de jeu rendues compliquées par une météo hivernale. Comme ce fut aussi le cas en Normandie, pour la victoire à Rouen. Et tout dépend aussi de l’identité du 9 avec lequel il est associé. C’est là que ses repères avec Bouyssou sont les plus précieux, d’autant que le profil du futur joueur de Nevers répond aux qualités de Palmier.
Au-delà de son efficacité face aux perches, la qualité du jeu au pied long de Palmier permet de faire reculer les défenses très en place. Dans cette optique, la proximité avec la ligne d'avantage propre au numéro 10 donne plus de marge encore.
Rentre aussi en ligne de compte la nécessité, en fonction des équipes en face, de muscler la zone centrale, comme le staff l'avait fait au match aller en misant sur une paire Vaccaro-Niko au Stade des Alpes, puis Powell-Niko en janvier à la date intiale du match à Jean-Alric.
Un très long bloc qui devrait provoquer de l'alternanceL’interminable fin de saison avec une seule plage de repos entre la 28e et la 29e journée ne plaide pas forcément pour une association prochaine d’Aucagne et Palmier en tant que titulaires tous les deux. La nécessité de faire souffler ponctuellement les uns et les autres décale probablement cette formule à une période plus lointaine, voire à la saison prochaine.
Et Palmier, dont la place dans un groupe de 23 ne saurait faire débat, devrait, quoi qu’il advienne, avoir l’occasion de se montrer en 10 sur la fin de saison. Contre le FCG ou un peu plus tard. Pour démonter aussi qu’il s’est nourri de cette polyvalence. Quitte à se servir de chaque minute en 10 pour ensuite passer encore un nouveau cap un cran derrière…
Texte et vidéo : Jean-Paul CohadePhotos : Jérémie Fulleringer