Dominique Terrien, le directeur académique des services de l’Éducation nationale de la Creuse, a accepté de sortir de son bureau pour rencontrer les manifestants, mercredi, en fin d’après-midi.
Plus de 550 personnes (parmi lesquelles une cinquantaine d’élus) ont répondu à l’appel de l’intersyndicale creusoise pour la défense du service public d’éducation. Ils ont bruyamment exprimé leur colère, d’abord devant les locaux de l’Inspection académique, puis dans la grande salle de la mairie.
Des classes à 30 élèves« Les conditions d’apprentissage vont être dégradées. Est-ce que c’est possible qu’un seul prof fasse cours à 30 élèves sur deux niveaux », lancent Arnaud et Lola, des parents venus de La Souterraine. Leur fille Salomé est élève en CM1 à l’école Jules-Ferry. Sa classe est menacée de fermeture. Les CM1 (19 élèves) et les CM2 (12 élèves) pourraient être regroupés. « On a la chance d’avoir de petits effectifs en Creuse, ajoutent ces anciens Parisiens. Nous sommes venus ici il y a deux ans pour la qualité de vie. Depuis, on doit se battre pour tout. Il n’y a aucune vision à long terme. Avec l’entreprise Rioland qui vient de s’installer à la Souterraine, on parle de 300 nouveaux foyers qui vont arriver. »
Des parents, des enseignants et des élus de toute la Creuse étaient présents à la manifestation. Les habitants de Crocq étaient particulièrement nombreux et déterminés à faire entendre leur voix. Sifflet à la bouche et pancarte à la main, Sophie s’inquiète pour sa fille Madeleine, qui est en moyenne section de maternelle. « Ils prévoient de supprimer une classe de maternelle sur les deux actuellement, raconte-t-elle. Ça veut dire 26 élèves sur quatre niveaux. Ça va être très difficile de préparer les enfants à l’entrée en CP et de s’occuper en même temps des petits qui ont des besoins spécifiques. »
Des enfants en larmesBeaucoup de manifestants dénoncent une logique uniquement comptable. « Derrière ces chiffres, il a des humains, insiste Lola, la maman de la Souterraine. Notre fille est revenue en larmes quand elle a appris que sa maîtresse pourrait partir. »
Les enseignants alertent aussi sur les conditions d’enseignement qui sont, selon eux, de plus en plus compliquées. « Nous avons fait une fiche pour signaler notre souffrance au travail, indique une professeure de l’école Jacques-Prévert à Guéret, qui regroupe des enfants de 28 nationalités. Nous vous demandons de passer en Réseau d’éducation prioritaire et vous nous fermez deux postes. Je suis en colère?! Vous démotivez les gens. Vous cassez notre vocation d’enseignant. »
Nouvelles propositions jeudi 2 marsDominique Terrien a écouté les doléances des manifestants, massés dans la grande salle de la mairie. « J’ai bien entendu toutes les demandes, lance-t-il le visage sévère. Les inspecteurs de l’Éducation nationale ont été présents sur le terrain. Je suis au courant de toutes les demandes de révision. » Le CSASD (comité social d’administration spécial départemental) doit se réunir à nouveau jeudi 2 mars afin de faire de nouvelles propositions. L’Inspecteur d’académie a indiqué qu’elles seront « différentes » de celles de la semaine dernière. Y aura-t-il moins de fermetures de classes que prévu?? C’est ce que tout le monde espère. La réponse sera connue en fin de journée.
Le projet de carte scolaire pour la rentrée de septembre 2023 prévoit deux ouvertures de classes (Mourioux-Vieilleville, Boussac), 19 fermetures dont deux fermetures d’écoles (Lussat et Saint-Silvain-Bas-le-Roc) et des créations (notamment 9 postes de remplaçants). Les prévisions tablent sur 150 élèves en moins par rapport à 2022.
Texte : Catherine Perrot Photos : Bruno Barlier
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