S’appuyant sur six semaines d’enquête publique, la commission d’enquête publique a rendu ses conclusions sur le dossier du contournement nord ouest de Vichy. Ceux qui soutiennent ce projet semblent surpris de cet avis qui est consultatif.
La commission d’enquête publique a rendu ses conclusions sur le projet de contournement nord ouest de Vichy dans un rapport mis en ligne le 21 février (*). Et aux demandes de déclaration d’utilité publique, d’autorisation environnementale et de mise en compatibilité des documents d’urbanisme, la commission a rendu trois avis défavorables. Même s’il s’agit d’un avis consultatif, quel poids va-t-il peser dans le choix de l’État ?
Avec plus de 650 contributions à l’enquête publique, le sujet est sensible, autant du côté des « pour » que des « contre ». Les premières lignes du rapport soulignent, avec regret que « l’étude trafic n’ait pas été actualisée, en particulier avec la mise en service de l’A 79 ».
La commission indique notamment plusieurs points positifs du projet : réduction de 90 % du trafic poids lourds et 36 % du trafic voitures sur l’axe RD 6-RD 2.209 et du coup une sécurisation pour les riverains et les usagers ; une réduction des nuisances aux riverains sur l’axe estimé à -3,5 à 5 dB notamment au centre-ville de Charmeil et du coup l’amélioration de leur qualité de vie, la facilitation de l’installation de nouvelles activités économiques, dont Montpertuis par exemple si toutefois le développement économique du site était avéré ; l’amélioration de la rentabilité de l’investissement routier précédent qu’est le contournement sud ouest (CSO).
De nouveaux besoins de déplacementsMais des points positifs que la commission d’enquête balaie par d’autres arguments avec notamment : le fait qu’environ 200 poids lourds et 7.000 voitures continueront d’emprunter l’axe quotidiennement ; que des nuisances sonores seront reportées sur les riverains du CNO ; que le CNO générera de nouveaux besoins de déplacements avec le développement de nouvelles zones d’activité. En termes d’impact écologique, le rapport souligne aussi que le CNO entraînera une hausse du coût annuel des émissions de gaz à effet de serre et plus globalement de la pollution atmosphérique et qu’il a un très fort impact environnemental sur les milieux naturels et leurs fonctionnalités écologiques, et sur les espèces protégées et leurs habitats au titre du patrimoine national et européen.Les commissaires ajoutent que les mesures de compensations environnementales figurant au dossier sont parfois insuffisantes avec « des espaces forestiers détruits sur 14,5 ha, reboisés sur 10 ha, des habitats forestiers de compensation fragmentés, et des zones humides de milieu forestier compensées en milieu prairial. »
Nicolas Ray, député de la 3e circonscription.« Je juge cet avis paradoxal. Dans ses conclusions, la commission a en effet souligné le principal bienfait de ce projet, à savoir « la réduction de 90% du trafic poids lourds » sur la RD6 (route de Charmeil) et la RD2209 (route de Gannat). Elle cite bien d’autres atouts de ce projet structurant, tels que l’amélioration des déplacements dans l’agglomération, la réduction des nuisances pour les riverains, l’amélioration de la rentabilité du Contournement Sud-Ouest, la facilitation de l’installation de nouvelles activités économiques notamment sur le site de Montpertuis.
En émettant un avis négatif, la commission fait table rase de tous ces éléments positifs et de l’avis largement favorable de la population sur ce projet
Dans plusieurs constats, la commission ne fait souligner que des évidences : - oui, il demeurera un flux de voitures sur l’axe actuel (RD6-RD2209), - oui, cette infrastructure a coût financier, mais ce coût aurait été moindre si le projet avait été réalisé il y a 15 ans, - oui, il y a aura de nouvelles surfaces artificialisées, car on ne sait pas faire une route autrement !Je regrette l’idéologie décroissante de certaines conclusions, notamment lorsqu’il est regretté que le CNO puisse générer de nouveaux besoins de déplacement, de nouvelles activités et par conséquent de nouveaux emplois. Les solutions alternatives proposées par la commission, notamment l’utilisation du fret ferroviaire sur ce secteur, sont irréalistes. Je regrette une nouvelle fois le temps perdu sur ce dossier. Si ce projet avait été sorti il y a 20 ans, l’avis de la commission aurait été positif, car à l’époque les normes administratives et environnementales étaient bien moins rigides.Avec les services de l’État et les élus locaux, nous allons consolider ce projet, en améliorant les compensations environnementales et en fournissant les analyses complémentaires demandées notamment celles relative à l’ouverture de la nouvelle autoroute A79. L’avis de cette commission ne reste qu’un avis. De nombreux projets bénéfiques ont été réalisés, malgré un avis négatif de la commission d’enquête publique. Ce fut le cas notamment pour le projet du 2ème pont à Moulins. Malgré cet aléa procédural, ce projet attendu depuis plus de 20 ans demeure indispensable pour le cadre de vie et le développement de notre agglomération et doit plus que jamais voir le jour. »
Jean-Paul Mavel, association de Défense des Riverains des axes de circulation de Bellerive-sur-Allier.« Je suis stupéfait de la remise en question de l’utilité publique d’un dossier global, pensé en complément du contournement Sud-Ouest, dont l’efficacité est conditionnée au volet Nord-Ouest et qui n’a pas d’alternative. Le premier tracé étant entériné depuis plus de 20 ans, tout acquéreur d’un terrain depuis 2002 devrait être informé de l’existence du projet ».
(*) L’enquête publique s’est déroulée du 28 novembre au 6 janvier.
Denis Lorut
