Un jour un chasseur. C’est le nom du collectif monté par quatre amies de Morgan Keane après la mort de cet homme de 25 ans, en 2020. Alors qu’il coupait du bois chez lui, dans sa propriété du Lot, il avait reçu une balle dans le thorax.
Le chasseur auteur du tir a été condamné, le 12 janvier dernier, à deux ans de prison avec sursis pour homicide involontaire. Et le directeur de la battue à dix-huit mois avec sursis.
Une reconstitution ? « C’est le déroulé normal de l’enquête. Il y a eu une reconstitution pour Morgan, c’est normal qu’il y en ait une pour Mélodie », estime Audrey Tindilière, cofondatrice de ce collectif qui recense tous les incidents et surtout, partage les témoignages des victimes d’accidents de chasse.
Une pétition déposée au SénatUn an pile après la mort de Mélodie Cauffet, Un jour un chasseur a publié un mot écrit par sa maman. « Il y a un an, le 19 février 2022, Mélodie, ma fille, se promenait sur un sentier balisé à Cassaniouze, dans le Cantal, lorsqu’elle a été victime d’un tir mortel. Ce jour-là, des chasseurs organisaient une battue aux sangliers à proximité et ont tiré en direction de ce chemin balisé. Un an après, la douleur et l’incompréhension sont toujours immenses. Elle avait 25 ans, elle aimait profondément la nature, la forêt. Elle aimait s’y balader, y randonner. C’était son passe-temps favori. »
Le collectif Un jour un chasseur avait également déposé une pétition sur une plateforme dédiée du Sénat. Dépassant les 120.000 signatures, elle réclamait l’interdiction de la chasse deux jours par semaine, les mercredis et les dimanches, et avait poussé la Haute assemblée à mettre en place une mission de contrôle. Son rapporteur, le sénateur LR Patrick Chaize, vient de déposer une proposition de loi « sur la sécurisation de la chasse ». Or ce texte législatif ne prévoit aucun jour sans chasse.
Le plan du gouvernement « gadget » et « vide »« Après la publication du rapport du Sénat, le gouvernement a lancé son plan chasse, ajoute Audrey Tindilière. Et pour nous, ce plan est vide. Il contient beaucoup de mesurettes polémiques, mais qui n’auront aucun effet concret et rapide sur l’amélioration de la sécurité à la chasse », juge la cofondatrice d’Un jour un chasseur.
« Mettre en place une application pour que les chasseurs se géolocalisent ? C’est du gadget, écarte-t-elle. C’est inutile. Ce n’est pas cela qui va forcer les chasseurs à respecter les règles de sécurité, à effectuer des tirs fichants, à identifier leur cible et à ne pas tirer en direction des chemins de randonnée et des habitations. Malheureusement, ce n’est pas une application qui aurait sauvé Morgan ou Mélodie. Morgan était dans son jardin ; Mélodie était sur un chemin de randonnée très connu dans la région et balisé, insiste Audrey Tindilière. Aucun des chasseurs de Cassaniouze ou de La Vinzelle (le hameau voisin de l’Aveyron, ndlr) ne peut ignorer la présence d’un sentier de randonnée à cet endroit… »
Romain Blanc
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