La décolonisation ne s’opère pas en un jour, ni même en soixante ans. Par ses idées ancrées, ses réflexes condescendants, sa mauvaise foi revancharde aussi, son ressentiment (qui, non, ne date pas de Barkhane ni même de Serval), elle est un processus lent, opérant par paliers successifs et douloureux. Regardons comme notre débâcle sahélienne nous contrarie. Comme ces « France dégage ! », souvent instrumentalisés, sur les murs de Ouagadougou touchent notre fierté d’ancienne puissance coloniale, alors que l’Afrique se livre au mercenariat russe et cesse peu à peu d’agiter des drapeaux français dans ses rues. Regardons aussi comme notre diplomatie tâtonne, entre l’ancien monde que l’on pouvait dominer et celui qui vient, où l’on craint de l’être. Le désenchantement n’a d’égal que l’espoir envolé. Sur le papier, Emmanuel Macron n’en est pas à sa première tentative pour redéfinir cette relation bancale et tourner définitivement la page de la « Françafrique ». Mais il faut du temps pour refermer les placards de l’Histoire et apprendre enfin à se regarder d’égal à égal.
l’éditorial
Florence Chédotal