Quand les prix augmentent plus que de raison mais que les revenus ne suivent pas, il faut s’adapter. Consommateurs et commerçants dévoilent ce qu’ils mettent dans leur panier et ce qui se passe dans leurs rayons.
Les œufs, les fruits, les légumes, mais aussi les pâtes, l’huile, la viande… Tous les produits alimentaires ont vu leur prix fortement augmenter ces derniers mois : + 13,5 %, selon l’Insee sur l’ensemble des produits alimentaires en 2022. Une évolution qui a modifié la donne pour nombre de consommateurs et de commerçants.Les poivrons à 10€ le kilo, c'est non"Le panier moyen de nos livraisons sur Uber Eats est passé de 20 à 30 €, juste avec l’inflation", note Jelloul Hajji, gérant du Carrefour City de la rue Blatin, à Clermont-Ferrand. "Et les clients qui font leurs courses au magasin font de plus en plus attention et s’orientent vers les produits à dates courtes".Pour Jelloul Hajji, gérant du Carrefour City, « les gens font de plus en plus attention aux prix et privilégient les dates courtes. » Jelloul Hajji n’est d’ailleurs pas le dernier à faire attention à l’envolée des prix pour garnir ses rayons. "Ce matin, j’ai dit non aux poivrons à 10 € le kilo, proposés par ma centrale d’achat, et on frôle les 5 € sur les courgettes, c’est de la folie", explique-t-il.Et si sa clientèle est toujours au rendez-vous, c’est qu’il privilégie le service, le sourire : "J’ai une machine à jus, à l’entrée. Les clients apprécient beaucoup. J’aurais dû passer de 3,90 € le verre à 5,90 €, je ne l’ai pas fait".Des promos pour attirer et retenir la clientèleChristelle Bouysse, gérante du Petit Casino de la place Saint-Pierre, voit, elle aussi, les effets de l’inflation. "On n’a pas perdu de clientèle, mais les gens limitent les achats plaisir et profitent à plein de nos opérations promotionnelles, tout particulièrement celle du vendredi et samedi qui offre un bon de réduction immédiate de 12 € dès 40 euros d’achat". Christelle Bouysse, gérante du Petit Casino de la place Saint-Pierre, "on voit la flambée des prix sur tout le frais et les clients apprécient nos offres promotionnelles" En revanche, depuis que ses pasta box avoisinent les 5 €, les étudiants qui entrent "ressortent les mains vides". Chez elle aussi, les "dates courtes" ont la cote, "d’autant qu’on n’attend pas le dernier moment. Chez nous, il y a toujours trois ou quatre jours de délais. Le but, c’est quand même d’avoir le moins de pertes possible".Un œil dans l'assiette, l'autre sur les étiquettesDu côté des consommateurs, si on continue de vouloir "se faire plaisir en mangeant bien", on regarde de plus en plus les étiquettes. Magali, fidèle des magasins bio, s’est "surprise à reposer un article en rayon et j’ai l’impression qu’on est de plus en plus nombreux à être plus lents à faire nos courses parce qu’on compare et qu’on mesure le pour et le contre".Les dates courtes ont la cote.D’autres encore confient "ne plus manger de viande qu’une fois par semaine" ou "opter et congeler les dates courtes quand c’est possible". Pour les yaourts, "on sait bien qu’on peut les manger sans risque quelques jours après le délai", raconte une septuagénaire qui en a garni son chariot. Agnès, elle, "surveille le prix au kilo ou au litre avant d’acheter, d’autant que certaines marques ont changé les volumes des produits que j’achetais ordinairement".
Ce que dit l'UFC Que Choisir 63
A l'UFC Que Choisir 63, on recommande aux consommateurs de privilégier les circuits courts pour supprimer la marge des intermédiaires et favoriser les producteurs. "Ils peuvent aussi utiliser notre comparateur de prix des supermarchés pour trouver le drive le moins cher près de chez eux", précise Daniel Bideau.
De même, l'association "ne croit pas à la pertinence du panier anti-inflation". Une idée lancée par le gouvernement, mais à la discrétion des distributeurs, "car il n’y aura pas forcément de comparabilité possible entre les offres". "On croit plus aux promotions faites avec les marques des distributeurs", souligne Daniel Bideau.
L'association de défense des intérêts des consommateurs milite aussi "pour une vraie transparence des circuits de distribution, des producteurs aux consommateurs. Et pour une généralisation des rayons de produits issus des circuits courts dans toutes les surfaces de vente, de l’épicerie à la grande surface".
Géraldine Messina