« Les chiffres du recensement nous sont parvenus et notre population baisse encore : Aubusson compte 3.335 habitants. » 19 h 40, jeudi soir, dans la salle des conférences à la Maison de l’emploi. L’ordre du jour est épuisé au terme de quarante minutes et de points tous adoptés sans grande discussion. Vient l’heure des questions diverses et donc de cette première annonce de Michel Moine. Sur laquelle rebondit immédiatement Jean-Luc Léger : « Assez logiquement, la baisse de la population entraîne une baisse des effectifs dans les écoles. Aujourd’hui, nous avons appris dans la presse que la carte prévoyait deux suppressions de classes à Aubusson. Y a-t-il une réaction ? ».
« C’est le deuxième point que j’allais aborder, répond alors le maire. Deux remarques sur la forme. Un, en vingt ans, ce n’est pas la première fois qu’on est face à une perspective de fermeture de classe. La règle veut que l’inspecteur d’Académie vienne nous rencontrer mais cette année, il a envoyé l’inspecteur du primaire : c’est tellement courageux ! Deux, on a débuté un PRE (Programme de réussite éducative) il y a quelques mois, pour certains élèves qui nécessitent des suivis particuliers, et là on vient nous expliquer qu’on va augmenter le nombre d’élèves par classe ! Bien sûr qu’on a tout intérêt à se mobiliser pour défendre nos classes. L’inspecteur est totalement déconnecté des réalités du terrain et n’a pas envie de s’y connecter. On va lui montrer que la Creuse est une terre de résistance. »
L'inspecteur d'Académie ne serait pas le seul déconnecté ?Et là-dessus tout le monde est bien d’accord. Sauf que, pour l’opposition, tout vient de cette fameuse démographie en baisse depuis si longtemps. « Vingt ans qu’Aubusson perd des habitants, lance alors Élodie Malhomme. Qu’est-ce qu’on envisage pour attirer des habitants ? On a un problème de logements, de taxe foncière… On a des questions à se poser ! »« Vous vivez déconnectée ici, lui répond Michel Moine. On a une OPAH-RU (*) qui est lancée. » « Il aurait fallu le faire il y a dix ans. Il est sans doute trop tard », estime Élodie Malhomme. « Eh bien, on l’a déjà fait il y a dix ans ! Vous parlez souvent sans savoir. Rome ne s’est pas faite en un jour. Les travaux dans le centre-ville concourent à son attractivité, en tout cas à celle des commerces. Après, qu’il y ait des actifs qui travaillent à Aubusson et préfèrent vivre en périphérie, oui mais ce n’est pas propre à Aubusson. Et la taxe foncière n’est pas particulièrement délirante, comparée à d’autres. »
« Je me félicite des projets en cours mais j’ai juste un peu peur qu’il ne soit trop tard, reprend l’élue de l’opposition. Et la taxe foncière est trop chère, c’est une réalité. » Sur ce, d’autres élus se mêlent alors à l’échange. À l’image de Marie-Françoise Hayez, adjointe chargée des affaires scolaires, qui assène : « Pour sauver l’école publique, encore faudrait-il inscrire ses enfants dans l’école publique ». Et Michel Moine de clore ainsi la séance : « C’est bien ces débats, c’est bien ces invectives mais l’exemple, c’est encore mieux. J’accepte toutes les critiques des gens qui trouvent que les effectifs de la population diminuent, singulièrement quand eux-mêmes habitent à Aubusson. »20 h 10. Certes, Aubusson aura connu des séances plus animées mais la concorde, qui a prévalu durant l'ordre du jour, n’aura pas réussi à tenir une petite heure.
Séverine Perrier
(*) Opération programmée d’amélioration de l’habitat - renouvellement urbain.