L’aventure et la course continue avec la même intensité sur la Globe40. Après 5495 milles parcourus depuis l’Ile Maurice seules 48 petites minutes ont séparé hier les deux premiers concurrents lors de leur passage du détroit de Baas et leur entrée officielle dans l’Océan Pacifique. Et à peine 300 milles sont à compter entre le premier et le dernier concurrent.
La traversée de la Grande Baie d’Australie après la marque d’Eclipse Island à proximité du Cap Leeuwin a été une épreuve pour les skippers alternant phases de calme et périodes fortement ventées avec vents contraires.
5,7 milles : c’est la distance infime au regard de la longueur de l’étape (7000 milles) qui sépare ce matin le leader SEC HAYAI et son poursuivant MILAI Around The World. Performance remarquable pour SEC HAYAI, le plus ancien bateau de la flotte qui avait déjà le premier atteint le Cap Leeuwin. Après 3500 milles parcourus depuis le départ de l’Ile Maurice le 11 septembre les concurrents ont eu à franchir la porte d’Eclipse Island à la pointe Sud-Ouest de l’Australie. Ramenant les concurrents à proximité de la terre après l’équivalent d’une transatlantique, ce passage permettait à l’épreuve de rester dans l’esprit de la catégorie 1 (catégorie de navigation fixée par la Fédération Internationale) qui est à la fois la règle et le concept de l’épreuve, plutôt que de plonger vers le sud.
La Grande Baie Australienne est une immense baie au sud de l’Australie s’étendant sur plus de 1000 milles avant l’entrée du détroit de Bass qui sépare l’ile continent de la Tasmanie. Cette traversée a été un moment difficile pour les équipages s’effectuant la plupart du temps au près avec une succession de zones de calme et de dépressions générant des vents de 30 à 40 nœuds sur la flotte, le tout dans une mer très formée.
Le team hollandais SEC HAYAI exprime parfaitement les valeurs de la GLOBE40 : une équipe mixte avec le skipper Frans Budel, amateur expérimenté avec de nombreuses courses au large à son actif, et Ysbrand Endt, skipper professionnel venu de l’univers de la Volvo Ocean Race ; bateau ancien (n°44 ) mais parfaitement préparé, stratégie sans faille, grande cohésion de l’équipe : telles sont les recettes de cette réussite qui démontre que l’âpreté de la compétition ne dépend pas que l’âge des bateaux ; et qu’un tour du monde s’appréhende sur bien d’autres facteurs que la performance pure d’un support, comme la qualité de la préparation technique, l’endurance de l’équipage, la lucidité pour baisser le pied quand il le faut mais sans jamais rien lâcher avec d’inévitables baisses de moral.
De son côté MILAI Around The World, avec son skipper japonais Masa Suzuki et son co-skipper italien Luca Rosetti, est un projet de haut niveau sur un bateau plus récent (n°101 ) ; Masa Suzuki venu de l’univers de la mini 6.50 fait aussi un parcours remarquable depuis quelques années et l’on se souvient de sa performance à la dernière Transat Jacques Vabre où il évoluait régulièrement autour de la 10ème place face à une meute de bateaux neufs.
Les deux concurrents ont traversé le détroit de Bass dans la journée de vendredi : passage étroit avec un fort courant, couloir accélérateur des dépressions, le détroit de Baas est une zone de navigation difficile avec de nombreuses îles ; il est souvent associé dans les esprits à l’épreuve mythique Sydney – Hobart, une épreuve particulièrement exigeante de renommée mondiale. Et c’est pendant la traversée du détroit de Bass que les deux premiers concurrents ont officiellement pénétré dans l’Océan Pacifique atteignant la longitude de 146°49.00 Est.
Et l’âpreté de la compétition ne touche pas que la tête de la flotte puisque 200 milles à peine séparent les premiers du concurrent américain AMHAS et 100 milles encore avec les deux autres concurrents canadien / espagnol WHISKEY JACK et américano / italien GRYPHON SOLO2.
Il restera encore la mer de Tasmanie à franchir sur 1000 milles, avec une nouvelle forte dépression attendant dimanche les concurrents, avant d’atteindre Auckland pour les premiers vers le 14 octobre prochain, et connaitre enfin le vainqueur de cette étape d’anthologie.
ECHOS DU LARGE
SEC HAYAI : « Nous sommes vraiment ravis jusqu’à présent ! Nous avons le plus vieux bateau de la flotte et nous sommes en tête depuis plusieurs jours maintenant. C’est une bataille serrée avec MILAI, maintenant avec une avance de 8,8 milles ! Mais nous savons que fondamentalement MILAI est un bateau plus rapide (Tous les autres le sont mais spécialement Milai). Nous devons nous battre pour chaque mille et nous devons pousser SEC HAYAI dur, mais maintenant c’est un bateau très fort et cela aide à aller plus loin que les autres. Nous devons également prendre de bonnes décisions tactiques pour rester devant les autres.
Nous avons encore du chemin à faire ! Donc nous sommes encore loin de toute victoire. Mais nous sommes fiers d’être là où nous en sommes maintenant, franchissant chaque étape jusqu’au bateau numéro un de la flotte. Entrer dans le Pacifique sera le prochain point, toujours 15 milles devant (en tapant fort).
Nous sommes donc heureux et pleins d’énergie pour faire la traversée vers la Nouvelle – Zélande et arriver à Auckland. »
MILAI AROUND THE WORLD « Nous passons le détroit de Bass avec SEC HAYAI, ils ne sont qu’à 13 milles devant nous. Nous avons parcouru plus de 5 000 milles depuis l’île Maurice en 25 jours.
SEC HAYAI et nous sommes encore très proches et nous garderons une bonne motivation jusqu’à Auckland. Personne ne sait qui va GAGNER. Passionnant ! »