Trois mois après la signature du traité de Maastricht, le 12 mai 1992, Élizabeth II se rend à Strasbourg, pour prononcer un discours devant le Parlement européen, dont fait alors encore partie le Royaume-Uni. Une visite officielle de la reine d’Angleterre dans laquelle un Aurillacois va jouer un rôle.
Jean Cuminge, alors officier de sécurité à la police nationale à Strasbourg, est désigné pour conduire la monarque à travers la ville. « En dehors du conducteur, il n’y a personne dans la voiture de la reine. J’étais donc seule avec elle », se souvient le Cantalien.
Des trajets muetsPas d’amabilité pour autant :
Je ne cause pas, elle non plus, elle reste muette, raconte-t-il. C’est le rapport qu’elle avait avec la terre entière. Dans son mutisme. Elle n’était pas désagréable, mais elle était reine
Malgré cela, ce souvenir reste bien gravé, comme « une journée particulière » dans la mémoire de Jean Cuminge.
La mission se passe sans anicroche, la voiture fendant la foule au sein de l’escorte de motards qui lui était réservée. « Les collègues anglais m’avaient simplement dit de faire attention de ne pas prendre les virages trop vite pour que la reine, qui était à droite de la plage arrière, ne se retrouve pas contre la portière de gauche », sourit-il.
Dans les années qui suivent, Jean Cuminge ne raconte pas beaucoup cette journée passée avec la reine d’Angleterre, mais sa mort, en septembre dernier, lui rappelle cette mission. « Je me suis dit : “Quand même, moi un Aurillacois je me suis retrouvé seul avec la reine d’Angleterre.” Ce n’est pas banal. »
Il décide donc de raconter son histoire dont il conserve un souvenir : une lettre signée par le secrétaire privé de la souveraine, Robert Fellowes, le remerciant pour son aide et pour son efficacité.
Mathieu Brosseau
