Nous avons suivi le naturaliste Bernard Bachasson en forêt de Chabrières. Invité par France Nature Environnement Creuse, il donnera une conférence sur l'écosystème forestier, à Guéret (Creuse), samedi 8 octobre, suivie d'une sortie sur le terrain, le lendemain.
Il a enseigné la forêt durant quarante ans devant des élèves de BTS. Désormais retraité, il n’a rien perdu de son sens de la pédagogie. « J’aime passer de la théorie à la pratique, lance Bernard Bachasson, bâton de marche à la main, au pied des majestueux hêtres centenaires de Charbières, qui commencent à revêtir leurs magnifiques parures automnales cuivrées. D’abord, je fais une présentation de l’écosystème forestier. Puis nous allons sur le terrain pour voir concrètement comment il fonctionne. »
Des arbres qui se portent bienCe docteur en biologie, auteur de plusieurs ouvrages, donnera une conférence ce samedi 8 octobre, à 15 heures au tiers-lieu, la Quincaillerie Numérique, à Guéret. Puis encadrera une sortie dimanche 9 octobre, en forêt de Chabrières, également à 15 heures (départ du parking de la Pierre La Grosle). Le tout organisé par l’association France Nature Environnement Creuse (FNE 23). Le passionné de 75 ans, ancien chargé de cours à l’université Lyon III, est allé faire quelques repérages en amont, pour tâter l’humus, et inspecter l’état des peuplements locaux. Nous l’avons suivi, en profitant de ses commentaires érudits.
Bernard Bachasson animera une sortie en forêt de Chabrières dimanche 9 octobre.
« Nous avons ici une hêtraie sapinière qui est à sa place à cette altitude située entre 600 et 700 mètres. Et qui a connu des incursions classiques de douglas et d’épicéas issus de plantations », observe-t-il, en suivant le sentier des “Pierres à légendes”. Alors que la présence de chênes et de châtaigniers épars indique que nous nous trouvons à la transition des étages collinéen et montagnard.
Tout semble être à sa place. Et ce malgré les intenses chaleurs estivales qu’ont dû affronter les arbres, cette année encore.
La forêt a souffert. Mais elle s’est maintenue. Même s’il peut y avoir des mortalités différées deux à trois ans après une période de sécheresse
Bernard Bachasson (spécialiste de la forêt)
La forêt, cette « machine à matière organique »L’homme s’arrête un instant pour gratter le sol avec son bâton. Sous la mousse apparaît vite une terre noire, typique des secteurs acides. Ce qui est plutôt bon signe. « S’il n’y a pas de mélange d’essences, la matière organique s’accumule et ne se décompose pas. Ce qui n’est pas le cas ici. Des vers et des insectes travaillent le sol. L’équilibre est normal », assure-t-il.
Ce qui est primordial pour la santé globale de la forêt. Comme le précise Bernard Bachasson : « La forêt est une machine à produire de la matière organique. Ici, des tonnes de cette matière sont produites à l’hectare. Celle-ci arrive au sol, elle se décompose en éléments minéraux. Éléments qui sont pompés par les racines, partent dans la sève pour être, la saison suivante, transformés en feuilles ».
Bernard Bachasson constate la qualité du sol forestier au pied des hêtres.
Un capital écologique à préserverUn incroyable circuit fermé à l’équilibre fragile, qu’il convient de préserver. « La forêt est une source de molécules très riche. Elle produit du bois, de l’oxygène, permet de conserver l’eau et est un refuge pour la biodiversité », rappelle le naturaliste.
D’où, pour lui, la nécessité de conserver le plus possible de forêts domaniales gérées par l’ONF, comme celle de Chabrières, qui « échappent à l’exigence immédiate de rentabilité », mais aussi les « forêts classées ou même certaines forêts qui ont été laissées à l’abandon ». Bernard Bachasson résume : « Planter des arbres, c’est toujours un pari sur l’avenir. » Pari qui, au regard des services que nous rendent ces imposants végétaux, mérite largement d’être tenté.
Texte : François Delotte
Photos : Bruno Barlier