Le char à voile n’a jamais eu autant d’avenir, particulièrement le long de la Côte d’Opale, ces jours-ci. Envisager une longue route dans le nord relève du courage ou de l’inconscience. Réduire ses trajets motorisés pour améliorer le bilan carbone n’est désormais plus seulement un acte militant, mais aussi la conséquence directe de l’effritement du modèle pétrolier. On pourrait juger le phénomène ponctuel, éphémère ou marginal, mais ce serait sans compter sur la fin programmée du soutien de l’État et l’appétit financier de l’Opep. Les pays producteurs vont décider sans surprise de réduire drastiquement la production et ainsi faire flamber à nouveau le prix du baril. Deux euros minimum le litre, le retour. Un phénomène qui devrait limiter les files d’attente. Les écologistes apprécieront sûrement. Les moins aisés d’entre nous, ces assujettis à la « sobriété subie », selon la formule d’Agnès Pannier-Runacher, ne devraient pas, eux, sourire. Les pauvres, puisqu’on parle bien d’eux, vont devoir faire avec. Ou plus exactement sans. Et au lieu de voyager, rester au chaud. Enfin, façon de parler. Un bon pull s’imposera.
l’éditorial
Charles Vigier