Il faut quasiment une demi-journée pour faire le tour des quatorze salles dédiées à la vente de vêtements d’occasion. Les rayons de la friperie Les petites mains, implantée dans l’ancienne usine Dito à Aubusson, sont toujours bien achalandés. Le choix est large : vintage, chaussures, cuir, robes de mariée…
L’entreprise s’est agrandie depuis sa reprise par trois associés en novembre 2019. Frédéric Guedj s’est associé avec Eric Mascrier, un « ami depuis 42 ans », et sa femme Nathalie pour reprendre cette affaire qui était en liquidation judiciaire.
Chiffre d'affaires doubléLa société compte aujourd’hui six salariés, en plus des trois patrons. « Avant, la boutique était limitée à une pièce, indiquent les dirigeants. Nous avons doublé le chiffre d’affaires en deux-trois ans, alors que nous avons ouvert pendant le Covid. Nous sommes passés de 110.000 € à 220.000 euros. » L’activité se développe bien, même si les associés ne peuvent pas encore se dégager un salaire complet.
72 containersEntre 1,5 et 2 tonnes de vêtements sont collectées chaque jour par le chauffeur des Petites mains. Les particuliers peuvent déposer les vêtements dont ils ne se servent plus dans l’un des 72 containers que l’on trouve dans tout le sud et l’est de la Creuse. Ils ont aussi la possibilité de se rendre directement à l’usine située rue de Beauze pour faire un don.
Tout est trié sur place par les salariés de l’entreprise. Cinq personnes s’occupent de cette lourde tâche. Les vêtements sont ensuite vendus à la boutique de la friperie (à l’unité ou au poids), ou en gros (par balles). « 80 % de notre marchandise est achetée par des professionnels, précisent les associés. Ce sont des grossistes, des fripiers. Ils peuvent choisir les pièces dans le magasin. C’est ce qui nous démarque des autres : ailleurs tout est vendu en balles. »
330 clients professionnelsLes petites mains ont aujourd’hui 330 clients professionnels qui viennent s’approvisionner à Aubusson. « Depuis 2019, nous avons gagné une centaine de clients par an. Ils sont répartis en France, en Europe et dans le monde entier. »
Les particuliers trouvent aussi leur compte à venir s’habiller à la friperie. On trouve des vêtements de seconde main mais aussi du neuf car les associés achètent des fins de stocks. « Il y a des gens qui ont des petits moyens mais aussi de plus en plus de personnes qui viennent par conviction. Ils privilégient la seconde main. Nous avons une grosse clientèle de jeunes. Il y a beaucoup de mamans qui viennent habiller leurs enfants. Le rayon grande taille est aussi très prisé. »
Les associés sont convaincus que le recyclage est un secteur d’avenir. « 400.000 tonnes de vêtements sont jetées tous les ans en France. Il y a une marge de progression énorme. »
Objectif : doubler voire tripler la collecteIls comptent « doubler voire tripler la collecte et après le tri ». De nouveaux containers vont être implantés, notamment aux abords des lycées, mais aussi dans le Puy-de-Dôme et la Corrèze. Les locaux consacrés au tri vont être agrandis en début d’année prochaine. « Notre vocation, c’est bien le recyclage, insiste Frédéric Guedj. Que tous ces vêtements ne finissent pas à la poubelle. Il commence à y avoir une prise de conscience. »
Le zéro déchets n’est pas tout à fait atteint. « Nous n’avons pas de débouché pour les vêtements en mauvais état. C’est revalorisé sous d’autres formes. C’est transformé en fil, en isolant ou en énergie. » Mais cela représente moins de 10 % de la collecte.
Texte : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier
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