Joe Biden reçoit lundi l'émir du Qatar, solide allié de Washington, avec en toile de fond la sécurité gazière de l'Europe, liée au conflit autour de l'Ukraine.
La visite a d'ores et déjà permis au géant américain Boeing d'engranger une énorme commande de la part de Qatar Airways, officialisée lors d'une cérémonie de signature à la Maison Blanche.
L'exécutif américain a rappelé que le président Biden avait déjà appelé le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani l'été dernier pour le remercier du rôle crucial joué par le Qatar dans l'évacuation des Américains et de leurs alliés d'Afghanistan.
Il sera question lors de leur rencontre d'"assurer la stabilité de l'offre internationale d'énergie", selon la présidence américaine, au moment où Washington et les Européens cherchent des alternatives si jamais le gaz russe venait à manquer, en cas d'attaque de la Russie contre l'Ukraine.
L'émirat du Golfe détient d'immenses réserves et il est le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL, ou LNG pour l'acronyme en anglais).
"Des négociations sont en cours" pour rediriger des livraisons de gaz prévues pour les marchés asiatiques vers l'Europe si le président russe, Vladimir Poutine, interrompt les approvisionnements vers l'Europe occidentale", a déclaré à l'AFP un responsable qatari avant la rencontre.
Mais "le Qatar n'a pas de 'baguette magique' pour répondre aux pénuries de gaz en Europe", estime Bill Farren-Price, directeur du cabinet de conseil en énergie Enverus.
L'émirat est au maximum de ses capacités de production et il doit déjà honorer des contrats à long terme avec l'Asie.
La visite sera néanmoins l'occasion pour ce pays, qui abrite une grande base américaine, d'affirmer sa posture de solide soutien des Etats-Unis dans la région. Ce qui passe aussi par un renforcement des liens économiques entre les Etats-Unis et le Qatar, déjà gros client de l'industrie de la défense et de l'aéronautique américaine.
Qatar Airways a commandé lundi 34 versions cargo du nouveau gros-porteur de Boeing, le 777X, avec une option pour 16 appareils supplémentaires, devenant ainsi le premier transporteur à acheter cet appareil avec ce contrat de plus de 20 milliards de dollars. La compagnie a aussi signé une lettre d'intention pour 25 appareils 737-10 et indiqué être prête à commander au total jusqu'à 50 737 MAX.
La ministre américaine au Commerce Gina Raimondo a salué un contrat "d'importance historique", tandis que David Calhoun, patron de l'avionneur, a déclaré que derrière cette commande il y avait des "emplois américains". De quoi plaire à Joe Biden, qui a fait de la création d'emplois, en particulier industriels, l'une de ses grandes promesses."Nous commençons à voir les débuts d'un retour en force de la production industrielle américaine", s'est d'ailleurs félicité son principal conseiller économique, Brian Deese.
Les Qataris "veulent se positionner sur ce créneau d'allié stratégique le plus important pour les Etats-Unis dans le Golfe", indique à l'AFP Andreas Krieg, professeur au King's College de Londres.
Une haute responsable de la Maison Blanche a loué dimanche le rôle "très important" joué par le Qatar après le conflit de mai 2021 à Gaza, pour apporter de l'assistance au territoire palestinien.
Elle a aussi souligné que l'émirat avait "vraiment été aux côtés" des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme en général et contre le groupe Etat islamique en particulier. Lors de l'entretien lundi à la Maison Blanche, il devrait être question de ces questions de sécurité régionale, ainsi que des négociations autour du nucléaire iranien.