À l’hippodrome de Vichy-Bellerive, le public se déplace pour assister aux courses. Mais que serait ce paradis des chevaux sans ses beaux jardins fleuris. Depuis 12 ans, Mickaël Charnet gère seul les espaces verts du parc, avec l’aide d’un saisonnier présent d’avril à septembre. Originaire de Cusset et détenteur d’un BTS en aménagement paysager, il est l’artiste à la main verte de l’hippodrome.
Son terrain de jeu de presque trois hectares s’étend du guichet à la nouvelle entrée donnant sur les berges de l’Allier. C’est lui qui est en charge des 150 m² de zones fleuries et de la soixantaine de vasques et pots qui embellissent l’hippodrome.
Son travail de créateur débute dès septembre, à la fin de la saison des floraisons. Croquis, plans schématiques, et chromatiques… Armé d’une grande imagination, il conçoit chaque année la thématique des 12 zones fleuries qui accueillent les visiteurs durant la saison. Cette année, il a opté pour du gaura, du delphinium, de la sauge amistad et de la fétuque bleu, parmi tant d’autres fleurs afin d’habiller les décors floraux situés au niveau des guichets.
75 % de plantes vivaces« J’essaie de planter autre chose que des fleurs annuelles. Environ 75 % de mes plantations sont faites de plantes vivaces. » Pour trouver de l’inspiration, Mickaël sillonne les nombreux festivals de jardin organisés en France. Mais il est confronté à de redoutables ennemis : les lapins. « Il y en a toujours eu mais cette année est monstrueuse ! Dès que je plante quelque chose, ils le mangent. » Les rongeurs poussent le jardinier à se dépasser en imaginant de nouvelles combinaisons. Cela tombe bien, Mickaël aime les défis.
« La partie créative est celle que je préfère dans mon métier. Les espaces verts sont la vitrine de l’hippodrome. Cela me donne une visibilité incroyable. On me donne carte blanche et un budget conséquent pour réaliser ce que je veux », se réjouit ce passionné.
Dans les jardins à la française de l’hippodrome, il s’en donne à cœur joie.« Historiquement, c’était un modèle à la française mais ce n’est plus le cas. Nous avons seulement conservé le nom. » Au fil des années, le jardinier réaménage et réhabilite l’espace de sa pâte florale et harmonieuse. « J’ai la chance de disposer d’un volume d’arbres qui me permet de mettre en avant mes plantations. » Alors, au lieu de retirer les arbres abîmés, il les retravaille. Comme avec ce tronc qui a retrouvé une seconde jeunesse grâce à une taille en nuage.
L’une de ses fiertés et pas des moindres est le labyrinthe de biodiversité situé près de la nouvelle entrée. Une étendue de 750 m² où se mélangent huit jachères différentes. « Chaque année, je redessine le cheminement. Il faut une semaine de préparation et de semis. C’est un gros travail d’entretien. » Un travail nécessaire à la création de cette déambulation olfactive et éducative au fil des fiches explicatives sur les fleurs et les insectes. « Cette année des nichoirs et des abris à oiseaux ont été installés. »
Liberté d’organisationMais ce n’est pas tout, le jardinier de l’hippodrome s’attelle à bien d’autres tâches, parfois un peu moins plaisantes. Tonte désherbage, entretien… Pendant la saison, Mickaël participe aux côtés des saisonniers à la rebouche des trous entre chaque course, que ce soit de trot ou de galop.
Hors saison, Il s’occupe de la remise en état des gazons et des massifs, du ramassage des feuilles et de l’élagage avec l’aide de l’élagueur de l’hippodrome. Ce qu’il aime le moins ? Le désherbage, comme la plupart des jardiniers. « Il y a des inconvénients à être seul, la charge de travail est plus importante. Mais il y a aussi beaucoup d’avantages, comme la liberté d’organisation. En favorisant les résidus, je m’arrange pour avoir le moins de désherbage possible », sourit l’astucieux jardinier. Espérons que son ingéniosité soit suffisante pour faire fuir les lapins qui se régalent de ses créations.
Océane Jacques