Impliqués, plus ou moins directement, dans la violente agression d’un jeune homme de 19 ans, ce vendredi, au petit matin, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), deux hommes et une femme ont été condamnés à des peines de prison ferme et avec sursis, ce lundi après-midi, par le tribunal correctionnel, devant lequel ils étaient jugés en comparution immédiate.
Le trio qui s’est présenté, ce lundi après-midi, devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, avait quelque chose d’improbable.
Il y a là une jeune de 27 ans, qui comparaît libre. Jusqu’ici inconnue de la justice, elle reconnaît « partir à droite, à gauche, et se foutre de tout », depuis une paire d’années. Une paire d’années synonyme de lente glissade, entre addiction à la cocaïne et prostitution occasionnelle, après un parcours de vie personnel et professionnel plutôt « normal ».
À quelques mètres d’elle, derrière les vitres du box des détenus : son petit ami, 32 ans, rencontré il y a trois semaines à Clermont-Ferrand, en errance lui aussi depuis deux ans, après avoir travaillé activement dans la restauration et fait ses premières armes, à l’époque, chez Paul Bocuse.
Enfin, à côté de lui, un troisième prévenu, âgé de 33 ans. Dix-sept fois condamné, il vit depuis près de vingt ans dans la rue, avec ses chiens comme compagnons d’infortune… Il est arrivé dans la capitale auvergnate il y a quelques jours seulement.
Le relation tarifée se passe mal...Ces trois « amis », que rien ne destinait, a priori, à se rencontrer, sont pourtant jugés conjointement en comparution immédiate après leur participation à l’agression violente d’un jeune homme de 19 ans, ce vendredi, au petit matin, dans le centre-ville clermontois.
Quelques heures plus tôt, les trois font la manche. Il est minuit et ils demandent de l’argent à la future victime. « Au début, j’ai négocié pour qu’il nous donne un billet de 10 euros », explique la jeune femme. Puis le jeune homme et elle partent vers la place du Champgil. Elle est d’accord pour lui faire une fellation, moyennant 50 euros. Mais les choses « se passent mal » et le client d’un soir ne règle pas ce qu’il doit. Pire : la prévenue affirme même qu’il a essayé de la violer. C’est en tout cas ce qu’elle s’empresse d’aller raconter à ses deux copains et qu'elle redit une nouvelle fois à la barre : « il a essayé de me violer, voilà pourquoi il s'est passé tout ça ! » (*).
Le piège se referme sur la victimeDéterminée à récupérer l’argent qu’elle n’a pas obtenu, elle décide aussitôt de fixer rendez-vous au jeune homme, place de la Poterne. Elle lui envoie un texto, lui promettant qu’ils vont « coucher ensemble », cette fois. Mais c’est un véritable guet-apens qui lui est tendu.
Arrivé sur place, il est roué de coups de pied et de poing par le petit ami de la jeune femme et mordu à plusieurs reprises par les chiens du second comparse. Sa sacoche lui est également dérobée.
La victime s’en tirera avec quatre jours d’ITT, mais le tribunal n’en saura pas beaucoup plus la concernant, puisqu’elle n’était ni présente, ni représentée à l’audience...
« Nous sommes en présence d'une véritable expédition punitive, d'un guet-apens, mais aucun des prévenus ne semble avoir pris conscience de la gravité des faits ».
Le plus âgé des trois prévenus, défendu par Me Leonid Gninafon, a été condamné à un an de prison, dont six mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec maintien en détention. Ses deux chiens sont par ailleurs confisqués et vont être confiés à une association de protection des animaux.
L’autre homme a écopé d’un an de prison avec sursis probatoire pendant deux ans et sa petite amie, de cinq mois assortis, là aussi, d’un sursis probatoire pendant deux ans (tous deux étaient défendus par Me Naïma Chabane).
Christian Lefèvre
(*) À l’issue des auditons de l'ensemble des protagonistes de cette affaire par les policiers, le parquet a estimé que cette accusation de tentative de viol était « insuffisamment caractérisée » et n'a donc pas diligenté de poursuites à l'encontre du client.