Lors de la journée Back to Export du 29 juin, organisée par Stratexio, l’OSCI et Medef International et consacrée aux défis et opportunités de l’export en cette période de sortie de crise, la table ronde sur le thème « Agroalimentaire : quels atouts à l’export de l’offre française ? » a mis l’accent sur la nécessité de s’implanter, notamment dans les pays émergents, plutôt que d’y exporter, afin d’éviter les taxes douanières et le coût élevé du transport.
Taxes douanières à l’importation, coût élevé du transport maritime de conteneurs, délais de livraison pas assez fiables…Les entreprises tricolores de la filière protéinique alimentaire ont très vite compris les difficultés et le coût de l’export de leurs produits, notamment à destination des pays émergents. Du coup, elles ont rapidement pris la décision de s’y implanter.
C’est le cas de Serap. Cette ETI mayennaise spécialisée dans la fabrication et la vente de tanks refroidisseurs de lait, a senti la nécessité il y a plus de 10 ans de partir à l’export lointain après avoir équipé l’ensemble des agriculteurs français.
« On s’est implanté en Inde en nous appuyant sur l’aide financière de la banque Natixis. On y a créé une première usine en 2009 pour y fabriquer nos refroidisseurs à laquelle s’ajoute une deuxième unité construite en 2020 qui permet de doubler notre capacité de production dans le pays pour y vendre nos tanks de lait » a indiqué Eric Boittin, son P-DG.
Rivaliser avec la concurrence locale, avec des prix locaux
A l’image de son installation en Inde, la stratégie de Serap est de s’implanter localement dans les pays émergents « pour faire face aux concurrents locaux, avec des prix locaux » selon son dirigeant.
Serap a eu donc la même démarche en créant en 2015 au Mexique une filiale locale qui couvre un site d’assemblage et logistique sur place, pour le marché mexicain. Au Brésil, l’entreprise a préféré racheter en 2016 son homologue local Plurinox, pour récupérer son outil de production et s’y implanter.
« On s’est beaucoup appuyé sur l’Adepta pour mener nos implantations internationales et sur une vingtaine de V.I.E, dont certains sont devenus directeurs de nos filiales étrangères » a souligné Eric Boittin.
De plus grande envergure, Régilait, filiale des deux coopératives laitières Sodiaal et Laita et spécialiste du conditionnement de lait en poudre et concentré pour enfants et adultes, s’est, elle, déjà implantée dans 56 pays par opportunités, avec deux grosses zones cibles les États-Unis et la Chine. « On s’est fait aider par l’OSCI pour structurer notre démarche à l’international » a précisé Luc Amar, son directeur commercial
S’implanter par opportunités, soit en propre, soit par acquisition
De son côté Eurogerm, producteur d’ingrédients alimentaires dans la panification (biscottes, viennoiserie, pain…) à destination de la boulangerie industrielle, n’a pas hésité à s’installer dans 13 pays étrangers, notamment au Brésil, en Colombie et au Liban « pour éviter les taxes douanières et le coût du transport liés à l’export » selon Serge Momus, membre du comité exécutif.
Créé en 1983 en réaction à l’embargo américain sur le soja pour donner une souveraineté protéinique à la France, le groupe Avril développe, lui, des productions de plantes oléagineuses (colza, tournesol, olive, soja…) et riches en protéines, en France, mais aussi à l’international. Il est présent dans 19 pays.
Reprise d’une unité de production aux Pays-Bas
Moins internationalisée, la startup Ynsect, spécialisée dans l’élevage d’insectes et leur transformation en ingrédients pour la nutrition de poissons et d’animaux domestiques, est pour autant très ambitieuse à l’international.
« Nous avons racheté aux Pays-Bas une petite unité de production pour répondre en partie aux plus de 100 millions d’euros de contrats signés au Benelux, en Allemagne et en Autriche » a exposé Antoine Hubert, son P-dg. Ynsect compte également s’implanter dans le Midwest des États-Unis, alors que l’entreprise commence déjà à vendre des lots d’ingrédients dans le pays.
Bruno Mouly
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