Le label britannique Madfish, habitué aux productions luxueuses, consacre un coffret exceptionnel au groupe britannique de rock progressif Caravan. Le leader du groupe depuis 1968, Pye Hastings, revient sur la carrière singulière de ces chercheurs de sons.
À la fin des années 60, le rock se cherche déjà un avenir. Inspirée par l'univers multicolore de Sergent Pepper's Lonely Hearts club band, le blockbuster psychédélique des Beatles, une génération entière de musiciens ouvre ses chakras et se perd délibérément dans un kaléidoscope de sons venus d'ailleurs, repoussant toujours les limites de la musique populaire.
C'est ce qui est arrivé à Caravan, un groupe de rock progressif britannique, formé en 1968, biberonné à la pop, au jazz, au folk, et qui conserve un public très fidèle, même s'il n'a jamais connu de succès commercial massif.
Le leader du groupe depuis ses débuts, Pye Hastings, répond à nos questions à l'occasion de la sortie de Who do you think we are, un coffret définitif de 35 CD, un DVD et un blu-ray, qui regroupe l'intégralité des albums du groupe et un nombre considérable d'inédits.
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Ce coffret est vraiment énorme. Aviez-vous conscience d'avoir amassé un tel nombre de chansons ?
C'est le travail de toute une vie, et je suis vraiment fier d'être encore vivant pour être témoin de la sortie d'un tel objet. C'était un vrai plaisir de retourner dans le passé et cela a ramené à la surface de très bons souvenirs. Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est d'entendre à quel point nous nous sommes amusés pendant ces cinquante ans. J'espère que nous réussissons à transmettre cette joie au public.
Vous faisiez partie de la fameuse "scène de Canterbury". Qu'y avait-il de si spécial à cette époque à Canterbury ? Étiez-vous amis ou rivaux avec les autres groupes ?
Quand nous avons débuté en 1968, nous étions des jeunes gens naïfs qui rêvaient de devenir des rock-stars... comme beaucoup d'autres. Cela dit, nous étions différents de tous les autres groupes, car nous sommes partis dans une aventure qui penchait plus du côté du jazz que de la pop.
Notre approche, comme celle de Soft Machine, faisait des chansons une plateforme d'expression pour que les musiciens puissent développer leur son. Que l'on appelle ça "la scène de Canterbury" ou autrement ne nous intéresse pas. Nous existons depuis plus de cinquante ans, donc je suppose que ça fonctionne.
À quel moment vous êtes-vous dit : "ça y est, j'ai trouvé ma voie, mon son particulier" ?
Ça ne m'est jamais arrivé, je n'ai toujours pas trouvé ce que je cherchais. Si seulement je le savais !
L'aventure Caravan est-elle terminée ?
Non, je suis en studio pour enregistrer un nouvel album, que j'espère pouvoir sortir cet automne.
Rémi Bonnet
Who do you think we are, (35 CD, 1 DVD, 1 blu-ray, 1 livre de 144 pages) sortie le 20 août, édition limitée à 2.500 exemplaires. 300 €.