L'"allié" turc a vu samedi la force principale force de l'Otan rejoindre les quelque vingt pays ayant reconnu le génocide arménien. Le président américain a délivré un message non agressif à l'encontre de la Turquie mais sans ambiguïté. Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan a accusé réception, tandis que le président Macron commémorait, à Paris, le 106e anniversaire du génocide arménien.
Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des États-Unis à qualifier ainsi la mort d’un million et demi d’Arméniens massacrés par l’Empire ottoman en 1915.Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en dénonçant « la politisation par des tiers » de ce débat. La Turquie n’a « de leçon à recevoir de personne sur son histoire », a surenchéri son ministre des Affaires étrangères.
Un génocide dont on a commémoré ce 24 avril, le 106e anniversaireLe génocide arménien est reconnu par plus d’une vingtaine de pays et de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.« Les Américains honorent tous les Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui », a écrit Joe Biden dans un communiqué.« Nous affirmons l’histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répète jamais », a ajouté Joe Biden. Aucun président américain ne s’était jusqu’ici risqué à fâcher Ankara.
La Turquie reconnaît des "massacres" mais récuse le terme de génocideLe Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d’un vote symbolique, mais le président Donald Trump, qui entretenait d’assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d’utiliser le mot, parlant seulement d’« une des pires atrocités de masse du vingtième siècle ».La Turquie reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs auraient trouvé la mort.
Commémoration du 24 avril en 2019, par la communauté arménienne, à Limoges.
L’annonce de Joe Biden n’aura pas de portée légale, mais elle ne peut qu’aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de « soi-disant partenaire stratégique » qui « par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié ».
Témoignage à Moulins, à l'occasion du centième anniversaire du génocide (2015)
Le Premier ministre arménien Pachinian a remercié le président américain dans un message sur Facebook pour « cette mesure très forte envers la justice et la vérité historique ».
Emmanuel Macron commémore à ParisEn France, le président Emmanuel Macron s’est rendu ce samedi devant un mémorial du génocide arménien au centre de Paris.En février 2019, le président Macron avait annoncé que le 24 avril deviendrait Journée nationale de commémoration du génocide arménien, que la France a reconnu le 29 janvier 2001.
C’est la première fois depuis qu’il participe à une commémoration officielle de cette journée.En parallèle, Emmanuel Macron a écrit au chef de l’État arménien Armen Sarkissian : « Engagés à vos côtés dans l’Histoire, nous le sommes aussi pour l’avenir, à l’heure où votre pays vient de traverser un conflit si meurtrier dans une région où le sang a trop coulé », écrit Emmanuel Macron, en allusion au récent conflit du Nagorny-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
AFP