Jamel G. le ressortissant tunisien de 36 ans qui a tué de deux coups de couteau vendredi une fonctionnaire de police au commissariat de Rambouillet, n'avait « pas été détecté » comme étant « porteur de menaces », a déclaré samedi le coordonnateur national du renseignement Laurent Nuñez. Un acte solitaire, difficilement détectable, c'est le point commun des huit derniers attentats islamistes perpétrés sur le territoire français.
L'assaillant Jamel G., tué par les tirs d'un policier après son attaque et les coups de couteaux mortels portés à une fonctionnaire de police de 49 ans, « n'avait pas été porteur de menaces, on n'avait pas détecté de signes de radicalisation » à son sujet, a décalré sur BFMTV Laurent Nuñez, le coordonnateur national du renseignement.
Il fait partie de ces « individus inconnus des services de renseignement, qui sont très isolés, n'ont pas de relations avec d'autres individus qui les rendraient détectables. Les signes de radicalisation qu'ils donnent à voir sont très faibles », a-t-il ajouté.
Les assaillants solitaires : la nouvelle forme du terrorisme islamiste en France
« Cela devient très compliqué (...) de détecter ce genre de profil « commun aux « huit attaques » terroristes commises en France depuis la tuerie de la préfecture de police de Paris en octobre 2019, a souligné l'ancien secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur.
Le 3 octobre 2019, un employé avait tué à coups de couteau trois policiers et un agent administratif, avant d'être abattu, au sein de la préfecture de police, dans la capitale.
Laurent Nunez, ancien secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur. photos Pierrick Delobelle
Depuis 2017, les services de renseignement et de lutte antiterroriste ont déjoué « 35 attentats » sur le sol français, dont trois cette année, a rappelé M. Nuñez, estimant qu'« à (sa) connaissance il n'y a pas eu de faille des services de renseignement » .
L'assassin de Rambouillet, tué par les tirs d'un policier, aurait crié "Allah Akbar" lors de son attaque, ont rapporté des témoins. Selon le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, il a effectué des "repérages" avant de passer à l'acte.
Les enquêteurs s'emploient à retracer le parcours de Jamel G.Dans son téléphone, les enquêteurs ont découvert des "nasheeds", des chants religieux musulmans, désormais fréquemment utilisés pour la propagande djihadiste, a précisé une source proche de l'enquête.
Pour cerner son profil et déterminer ses motivations, les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), chargés des investigations, vont multiplier les auditions parmi ses proches, connaissances et collègues.
Cette pratique systématique de l'antiterrorisme après chaque attentat n'entraîne pas nécessairement de poursuites.
Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour « assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste ».
Les enquêteurs s'emploient à préciser le parcours de Jamel G., si des personnes l'ont aidé ou encouragé dans son projet ainsi que ses éventuels contacts noués en ligne avec des membres de la sphère jihadiste.
Jamel G. est originaire de Msaken, ville commerciale proche de la station balnéaire de Sousse, sur la côte est de la Tunisie, où réside encore sa famille dans une maison modeste. Il aurait au moins une soeur et deux frères, dont un jumeau.
Il était récemment venu pour deux semaines en Tunisie.
Une cousine trentenaire, Sameh, y a assuré à l'AFP qu'il était suivi par un psychiatre en France car il souffrait d'une dépression.
AFP