D’ordinaire, quand on parle de fusion-acquisition, il n’y a que peu de place pour le social, hormis pour les parts qui sont qualifiées ainsi. Mais en l’espèce, le social est bien au cœur de ce projet. Car en intégrant l’Association Intermédiaire de la Cité des Vents (AICV), l’Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales (Adapei) permet avant tout de pérenniser ses actions.
FragilitésCar l’AICV connaissait depuis quelques années des problèmes financiers. « Ce n’est pas dû à une mauvaise gestion, loin de là, précise Martine Guibert, présidente jusqu’alors de l’association. Mais l’équilibre est compliqué à trouver pour ce genre d’association qui gère le retour à l’emploi mais a aussi un objet économique. À cela s’était ajoutée la perte d’une subvention européenne. Et le fait que l’État nous ait demandé de reprendre le site de Murat (les petites mains, NDA), ce qui a augmenté nos charges. L’association s’est retrouvée au bord du dépôt de bilan, malgré tous les efforts, et le soutien de la mairie, de l’État, du département et de la Région. »
S’est ajoutée « une fragilité dans la gouvernance. Elle reposait sur un petit nombre de bénévoles, dévoués, mais qui se sont épuisés. » Mais encore « des locaux inadaptés, qui n’offraient pas des conditions de travail décentes, encore moins quand il faut respecter les contraintes sanitaires liées à la crise Covid. » L’un dans l’autre « l’association, comme les équipes, se sont retrouvées fragilisées. Et quand il s’agit de s’occuper d’un public déjà fragile, c’est d’autant plus compliqué. »Après la fermeture du site muratais, en mars dernier, un rapprochement stratégique s’est donc opéré. « J’ai toujours eu l’idée, reprend Martine Guibert, que le salut de l’AICV passerait par le fait de s’accoler à une autre association. Si cela s’est fait avec l’Adapei, c’est une histoire de rencontre, j’avais l’habitude de travailler avec eux depuis l’époque où je dirigeais l’IME. Je connaissais leur implication, leur sérieux. »
Rapprochement La fusion signée
L’AICV d’abord a trouvé refuge, l’an dernier, dans les locaux de l’ESAT de Montplain. Tandis que Pierre Balez, le directeur de l’Adapei, prenait la tête de l’association intermédiaire. Une phase transitoire qui a préparé la fusion complète, officiellement scellée vendredi dernier.Et Alain Costes d’expliquer, sans détour : « je vais le dire pour qu’on ne le fasse pas à ma place : cette absorption n’est pas une déviance. L’AICV ne sera pas une malformation, un kyste de l’Adapei. Il y a une vraie cohérence à regrouper nos activités. Il s’agit d’accompagnement de public en difficulté, d’aide au retour vers l’emploi. Traiter les difficultés sociales, nos équipes connaissent cela, car le public handicapé en est la première victime. Nos activités sont proches aussi : nous nous partagions les mêmes chantiers, sur les espaces verts par exemple. Dans d’autres régions, comme le Nord, un tel mélange est très courant. L’essence de l’Adapei est l’accompagnement, depuis la naissance jusqu’au vieillissement, et le travail est une part importante de la vie. »Et Martine Guibert d’ajouter :
nous ne dissolvons pas l’AICV, nous confions ses missions, en toute confiance, à l’Adapei. Car elle a les reins solides, mais aussi un vrai savoir-faire en matière d’insertion. Elle n’a pas un but lucratif, mais une mission sociale, et nous partageons le même socle de valeurs. Un tel rapprochement est donc pertinent.
Et la désormais ex-présidente de n’avouer qu’un regret : « que nous n’ayons pu, à cause du Covid, marquer ce tournant par un événement. Car toutes les équipes qui se sont impliquées, qui ont tant donné toutes ces années à l’AICV, je pense à Christiane Chanson, à Colette Chaulet, et tant d’autres qu’on pourrait citer… tous auraient mérité qu’on les salue. » Mais l’AICV, elle, a certainement trouvé son salut.
Yann Bayssat
