En mars 1991, les tanneries s'arrêtaient
Une tradition de savoir-faire artisanaux, beaucoup d'eau, des ouvriers prêts à tout pour « s'en sortir » et un entrepreneur hors pair constituent les données de départ de l'histoire des tanneries de Bort-les-Orgues. Une épopée qui s'est définitivement achevée il y a 30 ans, en mars 1991.
À Bort-les-Orgues, la Dordogne a attiré, pendant des siècles, des tanneurs qui utilisaient directement le lit de la rivière pour « tremper » leurs peaux. Cette activité bénéficiait d'une importante main-d'œuvre et l'arrivée, en 1882, du chemin de fer, a ouvert une nouvelle ère de prospérité pour les tanneries, qui pouvaient faire transporter plus rapidement leurs peaux.
En 1888. Le premier atelier est fondé et installé à la Font-Grande, à proximité immédiate du pont central. Gustave Brun fabrique des galoches, chaussures caractéristiques par sa semelle de bois, quasi inusable, pour ne pas dire transmissible d'une génération à l'autre. Il choisit de se lancer, en parallèle, dans la tannerie du gros cuir, destiné à la bourrellerie et à la cordonnerie. Il emploie alors dix ouvriers, mais la prospérité se dessine déjà à l'horizon. Tandis que les galoches vont disparaître, le cuir connaît, en revanche, un essor fulgurant.
L'industriel utilise des peaux de bovins, nombreux dans la région, et les abattoirs l'approvisionnent sans difficulté.
Peu avant la guerre de 1914. MM. Brun et Guillard, ingénieurs de l'École de Tannerie de Lyon, développent l'affaire. Cette période voit l'essor des « Tanneries de Bort. » Tout d'abord installée avenue Victor-Hugo, l'entreprise est transportée, transformée et agrandie en 1925 avenue de la Gare.
En 1929. La grande dépression a des conséquences sur les tanneries qui doivent trouver de nouveaux produits et d'autres débouchés. Le tannage au chrome s'ajouter au tannage végétal, et le cuir à dessus de chaussures, en particulier le box-calf, prend le droit de cité.
Vers 1930. S'ajoute la production de trépointes, bandes de cuir végétal permettant la liaison de la semelle et du dessus de chaussure.
En 1932. Gustave Brun, qui a par ailleurs créé la marque SOCO, fait de Bort-les-Orgues « la cité du cuir. » Mais, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise doit faire face à la concurrence des produits synthétiques.
Début des années 1960. Les tanneries de Bort, qui ont connu près d'un siècle d'expansion, deviennent une des cinq premières de l'hexagone.
En 1970. Elles emploient encore 690 salariés, lors de la fusion avec les tanneries d'Annonay et du Puy, pour former le premier groupe français de tannerie, les Tanneries françaises réunies (TFR). Mais l'entreprise connaît très vite de multiples difficultés, avant un dépôt de bilan en 1974 et une fermeture définitive en mars 1991.
En 1996. D'anciens salariés créent le Musée de la tannerie et du cuir. Une association qui accueille désormais plusieurs milliers de visiteurs chaque année.