“C’est de l’art. C’est de la merde. L’art, c’est de la merde.” Prononcée par une jeune femme qui assiste, indifférente, au spectacle déroutant d’un pénis se faisant poignarder, cette phrase prend dans Kuso un sens éminemment littéral. C’est que le premier essai cinématographique du producteur, DJ et rappeur californien Flying Lotus (de son vrai nom Steven Ellison) ne cache pas son jeu : Kuso (c’est son titre) signifie “merde” en japonais. Plus qu’un programme, c’est une profession de foi.
Composé de quatre court métrages plus barrés les uns que les autres, liés entre eux par des interludes musicaux à la lisière du hip-hop et de l’electro planante dont FlyLo a le secret, cet ovni cinématographique brosse le portrait d’une post-humanité déliquescente ayant survécu à un terrible tremblement de terre. En plus d’avoir rasé Los Angeles, ce séisme cataclysmique (sorte de Big One fantasmagorique) a généré d’étonnants effets secondaires : les survivant·es sont recouvert·es de pustules purulentes, et semblent soudainement assujetti·es à leurs pulsions primaires.