Teddy, vous voilà dépossédé de votre record du monde par votre athlète. Comment le vivez-vous ? Je le vis avec beaucoup de fierté. Je savais que mon record allait tomber ; on travaille avec Hugues depuis 2018. Et c'est avec beaucoup d'émotion que je reçois ce record du monde puisqu'il avait déjà dit qu'il allait me l'offrir. Là, il l'a prouvé par des actes. L'élève a dépassé le maître, même en plein air (18,04 m, ndlr). Maintenant il faut qu'il le fasse par les titres. On est tous contents mais demain, il faudra retourner au travail. Car on est plusieurs mois avant les Jeux olympiques, rien n'est fait encore. On est satisfait, c'est encourageant, mais on a encore faim. Il va falloir maîtriser ce niveau et engranger les compétitions, les situations et monter progressivement. Donc, il faut qu'on garde la tête froide.
Teddy Tamgho (à gauche) : « II a beaucoup de potentiel, mais son sérieux, sa discipline, lui permettent de concrétiser ce genre de performances. » Son concours n'a pas été si simple.
Son concours a été assez compliqué parce que l'arbitre avait baissé le drapeau rouge avant le premier essai. Donc, Hugues pense que le concours avait commencé donc il saute, il est au-delà du record du monde. Bref. De là, il a dû renchaîner, cela a cassé son rythme, il a eu du mal à avoir une course fluide. Avant son dernier essai, je suis venu vers lui et je lui ais dit "tu vas courir et je vais te parler à chaque phase de ton saut pour que tu comprennes que tu dois continuer et ne pas t'arrêter". II a beaucoup de potentiel, mais son sérieux, sa discipline, lui permettent de concrétiser ce genre de performances ; le sportif doit être mis en lumière et à l'honneur.
Je savais que Hugues allait le battre. Il montrait des choses exceptionnelles à l'entraînement.
Versez-vous une larme sur la fin de votre record ? Pas du tout. Je le savais en venant à Clermont-Ferrand. J'avais 80% de certitude que le record du monde tombe aujourd'hui à la première compétition. Je savais que Hugues allait le battre. Il montrait des choses exceptionnelles à l'entraînement. Sur le plan physique et psychologique, il est très bien géré. Et, ici, il a pris ses marques, ses repères sur la même piste, qui est une des plus rapides de France ; tout a été réuni pour lui. Ses 18,07 m, c'est excellent et il peut nourrir des ambitions mais je le répète il faut garder la tête froide. Il faut réitérer ce niveau de performance et il y a pas mal d'étapes avant de parler des Jeux olympiques.
Avec ce nouveau record du monde, Fabrice Zango commence l'année 2021 de la meilleure des manières et met le désormais le cap sur les Jeux olympiques. Quelle marge a-t-il encore ?
Son saut n'est pas parfait, il est perfectible ; on est en début de saison. Il reprend ses sensations aujourd'hui. Mais je ne vais pas chercher à aller plus loin, je vais chercher une constance dans ce type de performances, dans l'excellence. Je préfère ça à une progression en dents de scie.
Le concours de Zango : x, 17,33 m, x, 17,61 m, 17,70 m, 18,07m. Le classement mondial tous temps : 1. Jonathan Edwards (GBR), 18,29 m ; 2. Christian Taylor (USA), 18,21 m ; 3. Will Claye (USA), 18,14 m ; 4. Kenny Harrison (USA), 18,09 m ; 5. Pedro Pablo Pichardo (CUB), 18,08 m et Hugues Fabrice Zango (BUR), 18,08 m ; 7. Teddy Tamgho (FRA), 18,04 m...
Francis Laporte