Mérinchal. Les oies de Guinée ne danseront plus sur l'étang. Les oies de Guinée sont mortes en début d'année. Elles faisaient partie du décor de l'étang Neuf depuis l'an 2000. Gracieuses, les deux palmipèdes au corps élancé proposaient sans cesse de nouvelles chorégraphies qu'elles semblaient avoir répétées des centaines de fois tant l'harmonie de leur corps frisait la perfection.
Quand il faisait beau, elle passait une grande partie de leur temps la tête sous l'eau à la manière des canards barboteurs. En trois coups de rames, elles traversaient l'étendue d'eau pour saluer Christiane Jeannot qui, chaque jour, venait s'occuper d'elles.
Les canards dans leur sillageDepuis vingt ans, les deux oies avaient trouvé là leur petit coin de paradis. Quand l'étang se transformait en bloc de glace, elles se réfugiaient en son centre et de nombreux canards les suivaient pour se mettre sous leur haute protection. Si elles tendaient de concert leur cou musclé et déclenchaient de puissants cris rauques, elles semblaient invulnérables. Mais très sociables, elles ne cherchaient querelle à personne, pas même aux ragondins qui, par temps neigeux, venaient manger dans leurs plates-bandes.
Une disparition inexpliquéeOn ne sait pas ce qui s'est passé. En vingt ans, les oies avaient survécu à des hivers autrement plus rigoureux. Un matin, une d'entre elles avait disparu, certainement emportée par un prédateur à deux ou quatre pattes. La seconde a été retrouvée morte quelques jours plus tard sur l'étang. Peut-être avait-elle été gravement blessée en combattant avec sa jumelle contre leur agresseur ? Elle a également pu mourir de tristesse et de chagrin en ne voyant pas revenir son âme sœur.
En 2013, les deux oies de Guinée avaient survécu ensemble à une pollution de l'étang. Leur corps, entièrement mazouté, s'était assombri mais, à force de courage et d'entraide, elles avaient lissé leurs plumes et retrouvé leur beau plumage d'origine.