Fermé depuis le soir du 30 octobre, le cinéma Le Sénéchal à Guéret (Creuse) rouvrira le 15 décembre comme les autres salles obscures. L’équipe se tient prête pour cette libération.
Les (très) grands écrans vous manquent ? Ils vous attendent dès le 15 décembre. C’est ce qu’a annoncé Emmanuel Macron lors de son allocution du 26 novembre.
« On nous a annoncé ça et deux jours plus tard, les détails techniques ont été annoncés, présente Christophe Bréchard, le directeur du Sénéchal et de ses cinq salles, On en a su plus. C’est comme après le dernier déconfinement, c’est un peu “Jacques a dit”, il y a une méconnaissance des secteurs de la Culture, mais on fait avec et on est assez content de rouvrir. On aurait préféré le 9, ça n’aurait pas fait de différence sanitairement car aucun théâtre ou cinéma n’a été un cluster et cela aurait permis une semaine entière sans sorties, pour laisser plus d’exposition aux films sortis juste avant le reconfinement comme Drunk qui est arrivé chez nous le mercredi 26, deux semaines après sa sortie nationale ou Adieu les cons (sorti le 21 octobre), le film d’Albert Dupontel, qui a très bien marché. »
Ces deux longs-métrages plébiscités par la critique et le public seront bien à l’affiche le 15 comme d’autres films sortis fin octobre. « On aura ADN, Poly, Miss et Un pays qui se tient sage car ce film est en plein dans l’actualité. »
Est-ce que Wonder Woman va sortir malgré le couvre-feu ?Reste à savoir si par exemple le blockbuster de cette fin d’année Wonder Woman 1984 sortira bien le 30 décembre comme prévu. « On doit avoir des visioconférences avec les distributeurs et programmateurs ce début de semaine pour en savoir plus sur le calendrier des sorties. Est-ce que Wonder Woman va sortir malgré le couvre-feu (qui sera à 21 h). On attend aussi Mandibules de Quentin Dupieux. On sait déjà que Les Croods 2 a été reporté au 23 janvier. On va être un peu des boulangers sans farine. Et puis avec le couvre-feu, pas d’exploitation en soirée : c’est 40 % d’activité en moins. Déjà qu’entre le 22 juin et le 30 octobre, on a fait 30 % d’activité habituelle, là, ce sera sûrement entre 15 et 20… Est-ce que je vais aligner mon personnel là-dessus ? En tout cas, sanitairement, on est prêts. Les règles sont les mêmes qu’en octobre. On va retrouver nos grands férus de ciné mais quel sera le comportement du public plus occasionnel, qui vient notamment lors des vacances ? »
Autre inquiétude, l’année 2021. « Déjà, historiquement, janvier est un très mauvais mois et puis en 2020, on a eu plusieurs aides qui même quand on a été fermé, nous ont permis de ne pas perdre d’argent. Il y a le chômage partiel bien sûr, une petite aide de l’assureur, la ville qui nous a exonérés du loyer et le fonds de soutien automatique, sans intérêt du CNC plus leur aide compensatoire, basée sur nos entrées moyennes sur les trois dernières années et à hauteur de 80 % de la marge. Mais le CNC n’a plus d’argent. Comment tout sera financé ? On marche sur un fil mais moins que des cinémas indépendants qui ont ouvert avant la pandémie… »
De nouveaux horaires ?Le couvre-feu va sans doute pousser l’exploitant à imaginer de nouveaux horaires alors que les séances du soir du Sénéchal démarraient justement à 21 heures : « On a l’horaire de 18 h qui fonctionne mais pourquoi pas introduire 19 h, même si c’est un horaire un peu bâtard. Avec l’horodatage, si le film dure deux heures et que le spectateur met une demi-heure à rentrer chez lui, il peut garder son ticket qui fait foi et lui évite une verbalisation pour non-respect du couvre-feu. Est-ce qu’il y aura aussi des séances le matin ou à 15 h ? Je ne sais pas encore. Rajouter des séances, c’est du personnel en plus. La priorité, c’est préserver les employés. Ils sont cinq dont trois à temps plein. Le but est que tout le monde travaille à la reprise. Malheureusement, on ne se voit plus trop au boulot, car il n’y a qu’une personne à la fois à l’exploitation, avec le chômage partiel, ce n’est pas très joyeux… »
Clément Bessoudoux