Le 26 août 1970, neuf femmes se rendent à l’Arc de Triomphe pour déposer une gerbe à une personne “encore plus inconnue que le soldat inconnu” : sa femme. La police les arrête. Le lendemain, la presse évoque le “mouvement de libération de la femme” (comme elle le baptise) pour la première fois. L’action est généralement considérée comme l’acte fondateur du MLF, le mouvement de libération des femmes.
Le 20 novembre 1971, c’est la première grande manifestation organisée par le MLF. Plusieurs milliers de femmes défilent dans les rues de Paris pour protester contre l’interdiction de l’avortement.
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En octobre et novembre 1972, l’avocate Gisèle Halimi (ici, deuxième en partant de la gauche, le 22 novembre 1972) va utiliser le procès de Bobigny pour médiatiser la question et faire le procès de la loi qui interdit l’avortement. Elle défend Marie-Claire Chevalier (au centre), une jeune fille qui a avorté illégalement alors qu'elle avait 16 ans, suite à un viol, ainsi que sa mère Michèle (entre Gisèle Halimi et Marie-Claire).
Lors de ce procès, Gisèle Halimi appelle à la barre des “grands témoins”, comme l'actrice Delphine Seyrig (à droite), très engagée pour les droits des femmes, qui témoignera avoir avorté.
Il y a d’abord un premier procès, celui de Marie-Claire, qui est jugé à huis clos par le tribunal pour enfants car elle est mineure. Elle est relaxée. Lors de ce procès, le 11 octobre 1972, des militantes du MLF et d’autres se rassemblent devant le tribunal de Bobigny, pour la soutenir.
Le 8 novembre 1972, c'est au tour de la mère de Marie-Claire, de deux collègues qui l'ont aidée à trouver une adresse et de l'avorteuse de passer devant la justice. Là encore, des manifestant·es sont présent·es devant le tribunal et, comme on peut le voir sur cette photo, s'affrontent avec les forces de l'ordre. Les deux collègues sont relaxées, Michèle Chevalier écope d’une amende légère, avec sursis, et l’avorteuse est condamnée à un an de prison avec sursis.
Le 25 novembre 1972, des militantes féministes et quelques hommes manifestent à Paris pour réclamer, une fois de plus, l’avortement libre et gratuit.
Alors que l'avortement est encore illégal, le MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) organise des voyages en cars vers les Pays-Bas, où les femmes ont le droit d'avorter.
Ici, le 22 mars 1974 à Paris, des féministes manifestent devant un autocar qui revient d'Amsterdam. La loi Veil, qui autorise l’avortement, est promulguée le 17 janvier 1975.
Antoinette Fouque, figure de proue du courant “Psychanalyse et Politique” du MLF, lance avec d’autres femmes les éditions des femmes ainsi qu’une Librairie des femmes, qui ouvre en mai 1974, rue des Saints-Pères, à Paris. La librairie est désormais située rue Jacob.
Les manifestations du MLF (ici le 6 mars 1976 à Paris) sont connues pour leurs slogans inventifs, comme “Travailleurs de tous les pays… qui lave vos chaussettes ?” ou “Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette”.
Lors du procès d’Aix-en-Provence, le 2 et 3 mai 1978, trois hommes sont poursuivis pour le viol d’un couple de femmes, Anne Tonglet et Araceli Castellano (à droite sur la photo), qui faisaient du camping dans une calanque. Avocate du couple, Gisèle Halimi va utiliser la même stratégie que lors du procès de Bobigny et médiatiser l’évènement pour interpeller la société et les législateurs. Elle réaffirme que le viol doit être jugé comme un crime.
Encore une fois, les militantes du MLF et de l'association Choisir sont présentes pour soutenir la cause et médiatiser l’évènement. Sur cette photo, elles manifestent le 2 mai 1978, dans les rues d’Aix-en-Provence.