La Haute-Loire vient de perdre une grande « figure » de la vie politique locale. Adrien Gouteyron s’est éteint mercredi soir à l’âge de 87 ans. Maire de Rosières jusqu’en mars dernier, il avait décidé de se retirer de la vie politique « pour consacrer du temps à sa famille et voyager », comme il l’avait confié à L’Eveil de la Haute-Loire en février dernier. Fatigué depuis plusieurs semaines, l’ancien sénateur et conseiller général n’aura pas eu beaucoup de temps pour goûter au plaisir de cette nouvelle vie sans responsabilité, ni mandat lui qui fut un acteur majeur de la vie politique de Haute-Loire et au-delà.
Des débuts dans les cabinets ministériels du gouvernement PompidouLe fondement de son engagement, où plutôt comme il aimait le dire de ses missions « au service des autres », est à chercher du côté du Gaullisme. Adrien Gouteyron était né à Rosières en 1933 dans une famille où son père boucher s’intéressait à la chose politique notamment nationale. Un radical-socialiste, tendance Laurent Eynac comme une grande partie de la famille d’ailleurs. Joseph Aurelle, son grand-oncle avait d’ailleurs été maire de Rosières. Lui, gardait une grande admiration pour Claudius Julien, maire emblématique jusqu’en 1971 et grand Résistant dont une photo figurait en bonne place dans son bureau de maire. « Il a d’ailleurs été cité par De Gaulle pour sa bravoure dans des actes de Résistance, ce n’est pas rien », ne manquait-il jamais de rappeler aux visiteurs.
Adrien Gouteyron a fait ses armes au début des années 1970 dans les cabinets ministériels du gouvernement Pompidou, auprès des ministres de l’Éducation nationale, Guichard, Fontanet ou Auby. Et c’est avec cette étiquette de Gaulliste qu’il se lance vraiment dans la vie politique en Haute-Loire : pas forcément un atout dans un département de tradition centre droit. Les débuts sont d’ailleurs modestes pour cet inspecteur général de l’Instruction publique dans le civil, avant d’être élu conseiller général du canton de Vorey en 1976 et de faire une ascension fulgurante.
Adrien Gouteyron et Jacques Chirac.?Photo dr
Maire de Rosières pendant près de 30 ansDeux ans plus tard, il succède à Jean Proriol et devient sénateur : il fait son entrée au Palais du Luxembourg où il restera jusqu’en 2011, apprécié sur les dossiers comme l’éducation et la culture, mais aussi sur la francophonie. Devenu un personnage de premier plan de la scène politique locale mais aussi nationale au sein du RPR , il est élu en 1989, à 56 ans, maire de Rosières. L’homme arrive alors à la tête de sa commune avec ses idées et son carnet d’adresse… À l’inverse de la majorité des élus, Adrien Gouteyron est arrivé dans le fauteuil de maire après une vie politique déjà bien garnie. L’écharpe tricolore n’a pas eu vocation à être un simple marchepied pour d’autres horizons. D’ailleurs, longtemps, beaucoup d’observateurs de la vie politique lui ont prêté des ambitions électorales sur des villes plus grandes, plus en rapport avec sa carte de visite. Le cœur a pourtant eu le dernier mot.
« De tous mes mandats exercés, celui de maire est sans doute le plus beau. C’est le plus concret : vous êtes en rapport direct avec les gens. C’est passionnant ».
Localement, il a contribué à l’installation de plusieurs entreprises et au développement de sa commune au coeur de l’Emblavez dont il resté maire pendant près de 30 ans. Jeudi matin, l’émotion était d’ailleurs forte dans les rues de la commune à l’annonce de la nouvelle. Ses obsèques seront célébrées ce samedi à 15 heures en l’église de Rosières.
Christophe Darne
Biographie1933. Le 13 mai, naissance à Rosières dans une famille de commerçants.
1958. Il est reçu à l’agrégation de lettres et devient professeur de lycée.
1971. Devenu inspecteur d’académie, il participe aux cabinets ministériels des ministres de l’Éducation nationale.
1975. Il est nommé inspecteur général de l’Instruction publique.
1978. Il devient sénateur de Haute-Loire et occupera cette fonction jusqu’en 2011.
1989. Il est élu le 17 mars à la mairie de Rosières et succède à François Garnier. Il reste en place jusqu’en 2020.
2004. Il devient vice-président du Conseil général de Haute-Loire.